Thèse soutenue

La terre : enjeux et récits dans le Val-de-Marne. Tensions, savoirs et morales dans la fabrique d'une métropole agricole
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Auteur / Autrice : Nolwenn Gauthier
Direction : Jean-Pierre Hassoun
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes urbaines
Date : Soutenance le 17/01/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Monique Poulot
Examinateurs / Examinatrices : Monique Poulot, Denis Salles, Beatriz Fernandez, Stéphane Tonnelat
Rapporteurs / Rapporteuses : Monique Poulot, Denis Salles

Résumé

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De plus en plus de grandes villes voient se déployer une palette de modèles de production alimentaire censés s’adapter à l’évolution du tissu urbain et participer ainsi à l’alimentation des citadin.es. A partir d’une recherche sur l’écologisation des usages des sols agricoles urbains et périurbains, la thèse questionne la construction de récits territoriaux comme étant une entreprise de normalisation des relations à l’environnement. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique réalisée entre 2017 et 2019 à Paris et dans le Val-de-Marne combinant observations, entretiens semi-directifs, travail sur archives et littérature grise. Cette approche m’a amenée à découvrir des populations : des maraîcher.es (des urbains venant de Paris) du Plateau briard valorisant la culture sur sol vivant, des architectes et des paysagistes explorant de nouvelles formes d’habiter sur les interstices et fronts de l’urbain, ou encore des élu.es trouvant dans l’agriculture un vecteur pour renouveler l’urbanité et leur rôle public. La thèse étudie les récits que ces mondes produisent à propos de leurs relations à la terre. L’analyse proposée retrace d’abord l’historicité de l’émergence des préoccupations pour la terre sur le Plateau briard, dans le Val-de-Marne. Elle se focalise ensuite sur les néopaysan.nes engagé.es dans la déconstruction de la conception patrimoniale de la terre. La thèse met en lumière tant le rôle de leur transition professionnelle sur le renouvellement du récit de soi que les effets transformateurs dans le monde agricole de leurs discours sur les normes d’accès et d’usage de la terre. Enfin, la thèse analyse plusieurs dispositifs publics de concertation où sont valorisés et discutés certains usages agricoles des sols autour de Paris. Elle met en évidence l’élargissement du public concerné par les terres agricoles. Dégageant différentes dimensions de l’appropriation discursive des problématiques agricoles par des acteurs des mondes urbains, la thèse révèle la manière dont ils façonnent un ensemble de normes promouvant la « bonne manière » d’aménager et d’utiliser les sols agricoles. Elle montre ainsi que ces discours publics façonnent un récit urbain inédit en accord avec les injonctions morales du développement durable. Cette recherche montre la pluralité des représentations de l’écologisation des sols qui mobilisent de diverses manières, parfois antagonistes, des objectifs de durabilité, de sobriété énergétique et spatiale, investissant les interstices ou les marges urbaines. L’écologisation des terres agricoles apparaît alors comme le résultat d’un processus historique et politique au cours duquel s’assemblent, coexistent et entrent en conflit des valeurs, des savoirs et des techniques. En analysant les termes de la conflictualité et de la coexistence d’une pluralité de représentations de la terre, cette thèse démontre comment l’écologisation renouvelle le récit urbain et agricole sur ce territoire.