Thèse en cours

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Auteur / Autrice : Charlotte Thomas-Hebert
Direction : Isabelle Sommier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences politiques
Date : Inscription en doctorat le 04/12/2015
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris) (2010-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bernard-e. Harcourt, Antoine Vauchez, Isabelle Sommier, Cornelia Möser, Laurence Gervais, Candice Delmas, Fabien Jobard

Résumé

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Cette thèse porte sur l’action politique, la déviance et le pouvoir, et interroge la manière dont les dispositifs sécuritaires contemporains façonnent la pratique de la désobéissance civile et de l’action directe nonviolente. Prenant comme étude de cas les militant·es newyorkais·es « de gauche », elle montre comment certaines populations, communautés, comportements et idées sont non seulement étiquetées et produites comme déviant·es, mais sont aussi hiérarchisé·es par la police, la justice et la loi. Ainsi se dévoile un certain paradoxe : les dispositifs sécuritaires contemporains « normalisent » de manière sélective certain·es déviant·es aux dépens d’autres. Cette recherche se concentre sur les groupes et individus qui s’engagent de manière récurrente dans une pratique politique radicale et non-institutionnelle qui consiste à « risquer l’arrestation ». Cette conceptualisation non normative proposée dans la thèse, et qui fait l’objet de son propre chapitre, permet de contourner les conflits théoriques et empiriques actuels autour des notions de désobéissance civile et d’action directe nonviolente. Ces activistes sont capables de régulièrement risquer l’arrestation car il existe, à New York, un écosystème particulièrement stable : tant qu’illes ne dérogent pas à certaines règles de comportement et restent percu·es comme légitimes par les autorités, illes peuvent risquer puis cumuler des dizaines d’arrestations, jusqu’à construire des carrières désobéissantes sur plusieurs décennies. Ainsi, les dispositifs sécuritaires contemporains engendrent un type d’activisme à haut risque et coût, seulement ouvert de manière régulière et habituelle à certaines catégories de militant·es. Cette pratique est façonnée par la citoyenneté, la race, l’âge, le genre, la sexualité et la classe sociale, puisque s’y engagent principalement des citoyen·nes étatsunien·nes blanches, quinquagénaires et plus, des femmes cisgenres ainsi que des minorités sexuelles et de genre, issues des classes moyennes et supérieures. Ces personnes sont « lisibles », c’est-à-dire étiquetées comme « respectables » et « non-menaçantes » par les autorités. Leur sociographie, ainsi que le type de maintien de l’ordre qui leur est appliqué, se distinguent des groupes et individus qui risquent l’arrestation de manière irrégulière, notamment lors d’évènements protestataires tels que Black Lives Matter ou Occupy Wall Street. Composée de trois parties, divisée en neuf chapitres, et rédigée en anglais, cette thèse s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire qui allie les outils de la sociologie politique et des théories critiques. Elle s’appuie sur une ethnographie de vingt-quatre mois passés entre 2016 et 2019 au sein de groupes horizontalistes tels qu’ACT UP ; sur quarante entretiens semi- directifs menés avec des activistes et avocats pénalistes ; sur les 187 histoires orales d’ACT UP et les quatorze histoires orales de la NYPD Guardians Association ; et enfin sur des documents primaires récoltés lors du terrain.