Le commerce de l'ignorance : le cabinet de relations publiques « Edward L. Bernays », de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide, 1914-1961

The Business of Ignorance : the Public Relations Firm "Edward L. Bernays", from the First World War to the Cold War, 1914-1961

• Auteur / Autrice : Hugo Souza de Cursi
• Direction : Yves Cohen
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire et civilisations
• Date : Inscription en doctorat le 26/10/2015
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés libres

Agnotologie

Propagande

Publicité

États-Unis

Histoire du capitalisme

Histoire de la Guerre froide

Histoire de l’influence

Relations internationales

Guerre psychologique

Agnotology

Propaganda

Advertising

United States

History of capitalism

History of the Cold War

Psychological warfare

International relations

History of influence

Résumé

Edward L. Bernays (1891-1995) est à la fois pionnier des relations publiques, expert de la persuasion des masses, neveu de Freud (avec lequel il partage une ample correspondance), infatigable défenseur de la propagande, théoricien de l’influence et des relations publiques et enfin, cynique personnage impliqué dans divers évènements historiques tragiques tel que l’installation d’une dictature sanguinaire au Guatemala, en 1954. Cette thèse propose de revisiter tous ces lieux communs à la fois à travers l’analyse de deux cas d’études emblématique du travail d’Edward L. Bernays et du cabinet de relations publiques qu’il dirige avec Doris E. Fleischman (1891-1980), sa partenaire et compagne. Cette analyse se fonde sur l’exploitation et le croisement de divers fonds d’archives, dont ceux du cabinet. La première partie déploie ainsi successivement l’histoire d’Edward L. Bernays, de Doris Fleischman, leurs engagements politiques respectifs, l’engagement féministe important dans lequel le cabinet est pris et comment celui-ci mobilise des alliées importantes dans une célèbre campagne de relations publiques, les « Torches of Freedom », pour Lucky Strike. Cette importance du féminisme nous amène à interroger l’historiographie des relations publiques et les raisons pour lesquelles Doris E. Fleischman disparait de la plupart des récits canoniques des historiens. En outre, cette première partie revisite, la place de la psychanalyse dans les relations publiques, ce qui est notamment justifié par le fait qu’Edward L. Bernays n’a cessé d’utiliser son lien privilégié avec Sigmund Freud. La seconde partie de notre thèse prend pour cas d’étude les activités poursuivies par le cabinet entre 1942 et 1956, au nom de la United Fruit Company (UFC). Certaines activités du cabinet pour cette entreprise sont passés à la postérité en raison de l’implication d’Edward L. Bernays dans le coup d’Etat du Guatemala, en 1954. Cependant, dans ce cas, les activités du cabinet n’ont jamais été étudiées de près. Ces opérations incluent la manipulation de controverses scientifiques, la désinformation, la mésinformation, l’achat de journalistes, l’influence de la presse ou encore le lobbying auprès de l’administration fédérale, du congrès ou du sénat. Cette enquête met à jour une véritable communauté d’intérêt qui émerge dans l’ère d’Eisenhower, autour des opérations de guerre psychologique et révèle la transformation des relations publiques en une arme psychologique, qui accompagne la montée de la guerre froide.

Edward L. Bernays (1891-1995) is at once a pioneer of public relations, an expert in mass persuasion, a nephew of Freud (with whom he shared extensive correspondence and activities), a tireless defender of propaganda, a theorist of influence and public relations, and finally a cynical figure involved in various tragic historical events, such as the installation of a bloody dictatorship in Guatemala in 1954. This thesis proposes to revisit all these commonplaces through the analysis of two case studies emblematic of the work of Edward L. Bernays and the public relations firm he directed with Doris E. Fleischman (1891-1980), his partner and companion. The first part thus unfolds successively the history of Edward L. Bernays, Doris Fleischman, their respective political commitments, the important feminist engagement in which the firm is caught and how it mobilizes important allies in a famous public relations campaign, the "Torches of Freedom", for Lucky Strike. The reconstruction of feminist connections to Bernays’s cabinet leads us to question the historiography of public relations and to ask why Doris E. disappears from most historians' canonical accounts, even to the present day. In addition, this first part revisits the place of psychoanalysis in public relations, which is justified in particular by the fact that Edward L. Bernays never ceased to use his privileged link with Sigmund Freud The second part of our thesis takes as a case study the activities pursued by the firm between 1942 and 1956, on behalf of the United Fruit Company (UFC). Some of the firm's activities on behalf of this company have come to be remembered for Edward L. Bernays' involvement in the Guatemalan coup d'état in 1954. However, in this case, the firm's activities were never closely examined. These operations include the manipulation of scientific controversies, disinformation, misinformation, the purchase of journalists, the influence of the press or lobbying the federal administration, Congress or the Senate. This investigation uncovers a real community of interest that emerges in the Eisenhower era, around psychological warfare operations and reveals the transformation of public relations into a psychological weapon, which accompanies the rise of the Cold War.