Rucheng, une Langue Sinitique du Hunan Méridional
Auteur / Autrice : | Lisha He |
Direction : | Hilary Chappell, Laurent Sagart |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Inscription en doctorat le 12/01/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Cette thèse présente une description linguistique du rucheng, une langue sinitique parlée dans le comté de Rucheng (汝城縣) dans le sud-est de la province du Hunan (湖南省), en Chine. Servant de lingua franca à plus de 340 000 personnes - dont environ 83,81 % sont des Chinois Han et environ 16 % des Yao (瑤族) - la classification du rucheng au sein des langues sinitiques reste un sujet controversé. À ce jour, aucune étude n'a fourni une description systématique et détaillée du dialecte rucheng. Cette recherche vise à combler cette lacune en proposant une description relativement complète du « rucheng standard », qui désigne la langue parlée dans le chef-lieu du comté de Luyang 盧陽鎮 et ses environs. Basée sur une synthèse de l'intuition des locuteurs natifs et des données de corpus, cette étude examine un large éventail d'aspects linguistiques, notamment le système phonologique, la morphologie, les noms et les phrases verbales, la négation, l'aspect, les adpositions, les interrogatives, les constructions passives, le marquage différentiel de l'objet, les constructions ditransitives, les structures causatives et les constructions comparatives. En outre, cette étude explore certaines questions d'un point de vue diachronique et typologique, en abordant des sujets tels que l'évolution du système phonologique, les origines de certaines formes, les processus de grammaticalisation et les voies d'extension sémantique pour divers éléments multifonctionnels ou polysémiques, ainsi que des comparaisons avec d'autres langues sinitiques et des langues du monde. Les résultats de l'analyse phonologique suggèrent que : (1) le rucheng conserve certaines caractéristiques du vieux chinois qui sont absentes du moyen chinois ; (2) il a été considérablement influencé par la langue locale parlée par les premiers habitants (probablement des locuteurs du Mien), ainsi que par d'autres dialectes sinitiques avec lesquels il est ou a été en contact, notamment le mandarin, le cantonais, le hakka et le patois du nord du Guangdong ; (3) et que, par conséquent, le rucheng partage de nombreuses caractéristiques avec le hakka et le patois du nord du Guangdong. Une analyse interdialectale des caractéristiques morphosyntaxiques révèle que le rucheng ne s'aligne pas massivement sur une branche spécifique des dialectes sinitiques méridionaux. Au contraire, ces caractéristiques reflètent un profil complexe et mixte en termes de similarité avec certaines langues sinitiques, notamment le mandarin, le hakka, le gan, le xiang, le cantonais, le min et certains patois.