Servir et être servi.e : le travail domestique à temps plein chez les grandes fortunes
Auteur / Autrice : | Alizée Delpierre |
Direction : | Didier Demazière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 29/05/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École de la recherche de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de sociologie des organisations (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Michel Lallement |
Examinateurs / Examinatrices : Didier Demazière, Sophie Bernard, Mélanie Jacquemin, Dominique Memmi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Lallement, Sophie Bernard |
Mots clés
Résumé
Gouvernantes, majordomes, nannies ou cuisiniers travaillent au quotidien pour des familles très fortunées à l’entretien de leurs domiciles et à l’organisation de leurs vies. Leurs situations de travail, qui impliquent de servir à temps plein chez leurs employeuses.eurs, et souvent, d’y dormir et d’y vivre, échappent aux formes standard de l’emploi. Comment le rapport de travail domestique se construit-il dans l’espace intime des maisons ? En mobilisant les outils de la sociologie du travail, et à l’appui d’une enquête multisite conduite auprès des différentes populations impliquées dans le rapport de travail domestique - employé.e.s, employeuses.eurs et agents intermédiaires de leur relation -, cette thèse explore les différentes dimensions de ce rapport et les manières dont les employeuses.eurs et les employé.e.s investissent leurs rôles professionnels. La thèse discute l’hypothèse selon laquelle les dimensions du rapport de travail sont plurielles, et que leurs combinaisons donnent lieu à un panel de situations où se jouent des rapports de pouvoir et des négociations aux issues variées. Elle montre à quelles conditions servir chez les grandes fortunes peut être source de rétributions symboliques et matérielles pour les employé.e.s. Néanmoins, pour servir dans les mondes de la richesse et espérer en tirer profit, les employé.e.s doivent jouer le jeu de la servilité et accepter l’ordre social qui les infériorise par rapport à leurs employeuses.eurs. De leur côté, ces dernières.iers euphémisent largement la dimension salariale qui les lie à leurs employé.e.s et peinent à se concevoir comme des employeuses.eurs. Au-delà de la pluralité des rapports de domesticité constatées empiriquement, la thèse met en évidence que leurs conditions de production reposent sur leur caractère discrétionnaire et informel et le rejet des institutions tierces existantes qui proposent de les réguler.