Thèse en cours

La construction de la démocratie en fiction(s): représentations de la Transition espagnole

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 10/12/2021. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Silvie Alonso ricouard
Direction : Edmond Raillard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Études Hispaniques et Hispano-Américaines
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Langues et des Cultures d'Europe, d'Amérique, d'Afrique, d'Asie et d'Australie
Jury : Président / Présidente : Almudena Delgado larios
Examinateurs / Examinatrices : Edmond Raillard, Jean-Paul Aubert, Bénédicte Bremard, Sylvie Hanicot-bourdier, Pascale Thibaudeau
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Paul Aubert, Bénédicte Bremard

Résumé

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La suppression de la censure cinématographique en novembre 1977 a permis l'émergence d'une production filmique délivrée des entraves antérieures et en particulier de l’ordre moral franquiste ; une production de qualité et de succès inégaux, qui reflète le profond changement qui affecte alors une société en pleine mutation. Dans ce contexte de déstructuration sociale, les questions de l’organisation politique, du consumérisme, de la famille et du rôle de l’individu dans la société deviennent centrales. Si une partie de ces films est passée à la postérité, nombre de petites productions sont tombées dans une forme d'oubli malgré leur caractère testimonial certain et le regard original qu'elles offrent sur la société de l'époque. Notre étude porte sur neuf long-métrages de la période de transition sociale puis de transition politique proprement dite. Cinéma anti-élitiste, à la croisée du cinéma populaire et du cinéma d'auteur, souvent à petit budget et tourné avec de moyens précaires, ces films mettent en lumière une société qui ne se cache plus et ne cache plus ses interrrogations. Los nuevos españoles (Roberto Bodegas, 1974), seul film de notre corpus antérieur à la transition politique, se projette dans une société capitaliste copiée sur le modèle nord-américain mais considérée sous un angle totalitaire, contrairement à Las verdes praderas (José Luis Garci, 1979), tourné en démocratie, qui reprend ce thème du consumerisme exploré depuis le point de vue du bien-être de l'individu. Con uñas y dientes (Paulino Viota, 1977) se centre sur la lutte des classes en opposant frontalement la lutte ouvrière à un patronat corrompu et prêt à tout, tandis que El diputado (Eloy de la Iglesia, 1978) pose la question de la transgression face à la chose publique. Sur le plan de la mémoire historique, Asignatura pendiente (José Luis Garci, 1977) et Solos en la madrugada (José Luis Garci, 1978) apparaissent comme deux témoignages des années-clef de la transition politique, mettant l'accent sur les nombreuses incertitudes qu’implique le changement et sur la pluralisation des modèles familiaux. Seul, Volver a empezar (José Luis Garci, 1982) revêt un caractère plus intimiste en s’interrogeant sur la génération sacrifiée de la Guerre Civile et du franquisme. Enfin, Tigres de papel (Fernando Colomo, 1977) et Ópera prima (Fernando Trueba, 1980) tournent résolument le dos au modèle rigide du régime antérieur, érigeant la transgression et l'exploration de nouveaux schémas sociaux et familiaux en une quasi normalité. En dépit de leur diversité générique, thématique ou esthétique, ces neuf films nous livrent des témoignages spécifiques et parfois contradictoires sur le profond bouleversement des structures politiques, sociales et familiales opéré dès le milieu des années 70, et sur les évolutions législatives qui s'ensuivront. Nous analyserons ce corpus autour de plusieurs axes thématiques qui forment le substrat commun de tous nos films: la politique, la structure familiale et la corporalité, le consumérisme et enfin la réception cinématographique. Par ailleurs et dans l’optique qui est la nôtre de déterminer comment ce corpus représente, dans la pluralité, la transition politique et sociale, nous tenterons d’intégrer « le film au monde qui l’entoure et avec lequel il communique nécessairement1 ». Ainsi, nous nous placerons dans une perspective d’analyse qui privilégie la dimension historique, sociale et politique du discours filmique plutôt que l’aspect purement esthétique et la technique cinématographique, sans toutefois l’exclure.