Modélisation de la dysfonction des neurones dopaminergiques associée à la maladie de Lesch-Nyhan à l'aide des cellules souches induites à la pluripotence
Auteur / Autrice : | Emeline Julita |
Direction : | Marc Peschanski, Alexandra Benchoua |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 28/11/2016 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....) |
Laboratoire : Institut des Cellules Souches pour le Traitement et l’Etude des maladies Monogéniques (Evry, Essonne) | |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Brouillet |
Examinateurs / Examinatrices : Muriel Coulpier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Bohl, Richard Delorme |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La maladie de Lesch-Nyhan (MLN) est une maladie rare dont la prévalence est estimée à une naissance sur 380 000. Il s’agit d’une maladie métabolique d’origine génétique liée au chromosome X, impliquant le gène de la HGPRT (hypoxanthine-guanine-phosphoribosyl-transférase). Les mutations dans ce gène entrainent un déficit d’activité de l’enzyme qui joue un rôle central dans le métabolisme des purines. Cette baisse d’activité provoque un défaut de fonctionnement de la voie de recyclage des purines induisant l’accumulation d’acide urique dans les articulations (goutte) et les reins (lithiase) qui peut être contrôlée par la prise d’allopurinol. En revanche, ces symptômes sont généralement accompagnés de troubles neurologiques quant à eux encore totalement inexpliqués et non traités. Ces derniers se traduisent par un handicap moteur important avec des mouvements anormaux (dystonie) et des troubles du tonus (hypotonie axiale). Dans les cas les plus graves des troubles du comportement peuvent également survenir se manifestant par des évènements importants d'automutilation (morsure des lèvres et des doigts). Des études menées en imagerie cérébrale, ont permis d’identifier chez les malades une diminution de la concentration cérébrale en dopamine mais aucune étude n’a encore pu lier de façon évidente le déficit en dopamine et la HGPRT, rendant difficile le développement de thérapies efficaces. L’objectif de ce travail a été de tirer avantage des propriétés d’auto renouvellement et de pluripotence des cellules souches induites à la pluripotence humaines (iPSC) pour produire d'authentiques neurones dopaminergiques (nDA) puis de les utiliser afin de déterminer dans quelle mesure la HGPRT est essentielle au développement et à l’homéostasie des nDA. Pour cela nous avons sélectionnés des fibroblastes obtenus à partir de biopsie de peau d’enfants atteints par la MLN que nous avons reprogrammé en iPSC. Ces iPSC ont été caractérisées et en particulier, l’expression protéique et l’activité enzymatique de la HGPRT a été contrôlée afin de valider notre modèle pathologique. Un protocole de différenciation de neurones dopaminergiques à partir d’iPSC a ensuite été mis au point pour permettre l’étude des différents stades de développement des neurones DA. Celui-ci permet d’obtenir des précurseurs exprimant pour 60% des cellules les marqueurs caractéristiques des précurseurs du mésencéphale ventral (MV), tout en respectant les différentes étapes clés du développement des nDA. Après l’induction de la différenciation des précurseurs en neurones, la population neuronale est composée d’au moins 20% de nDA exprimant les deux enzymes de la voie de synthèse de la dopamine TH et AADC. Ces différentes étapes du développement des nDA ont ensuite été analysées en comparant des cellules porteuses de mutations associées à la MLN et des cellules contrôles. Une anomalie neuro-développementale survenant à un stade précoce de la formation des nDA a été identifiée. Lors de l’étape ultime de différenciation, la proportion de précurseurs du MV capables de sortir du cycle cellulaire et donnant des neurones matures est plus faible dans les cultures de cellules porteuses des mutations MLN. Cette étude a permis dans un premier temps de démontrer qu’il était possible de modéliser une maladie impactant un gène essentiel dans le métabolisme à l’aide des iPSC. De plus, nous avons montré qu’il est possible d’identifier l’étape critique dans la genèse des nDA en utilisant des neurones humains dérivés d’iPSC issus d’enfants atteints de MLN. Cette approche apporte ainsi une meilleure compréhension sur les mécanismes responsables de la pathologie, et de nouveaux axes de recherche pour des approches thérapeutiques.