La question de l'investissement international privé en Afrique: l'exemple de la Côte-d'Ivoire.
Auteur / Autrice : | Jean-claude Loba |
Direction : | Pierre Calle |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences juridiques |
Date : | Inscription en doctorat le 15/12/2014 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Droit Ethique Patrimoine (http://www.idep.u-psud.fr/) |
établissement de préparation de la thèse : Université Paris-Sud (1970-2019) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'on assiste depuis une vingtaine années à une réorganisation et à une réorientation de l'investissement privé international. En effet, naguère « parent pauvre » de la politique de capital-investissement et des fonds spéculatifs, les pays en développement (PED) et les pays les moins avancés (PMA) voient l'arrivée massive des fonds des investisseurs privés depuis la dernière décennie. Au nombre de ces nouveaux ''eldorados'' figurent bon nombre d'États africains. Ainsi les flux de capitaux privés nets destinés à lAfrique ont presque sextuplé passant de 13 milliards de dollars en 2002 à 60 milliards de dollars en 2006 (Afrique du Nord : 3 à 26 milliards de dollars ; Afrique subsaharienne : 10 à 36 milliards de dollars). Aussi, le financement du développement glisse progressivement du financement institutionnel (émanant des États et des Organisations internationales de développement), vers des sources de financement privées. Au nombre de ces ''financiers privés'' figurent les partenaires traditionnels de l'Afrique que sont les fonds privés d'investissements basés dans l'OCDE. Mais encore d'autres nouveaux acteurs en provenance des zones comme la Chine, l'Inde, le Brésil qui ne cessent d'accentuer leur présence sur le continent africain. Cette réorientation des capitaux privés internationaux étant récente, le cadre des échanges entre les nouveaux partenaires est mal défini, s'il n'est quasi inexistant. Ce qui justifie la présente étude qui a pour ambition de situer le cadre juridique des investissements privés internationaux en Afrique en général, en s'appuyant sur l'exemple particulier de la Côte-d'Ivoire. Face à ce phénomène, il est primordial de s'interroger sur les motifs d'une telle mutation. Quelles sont les mesures d'accompagnement qui sont prises par les parties concernées afin de garantir les investissements privés qui affluent ainsi en masse ? Au-delà des conventions entre les parties, existent-ils des normes internationales à même de sécuriser ces flux et transactions ? Sont-elles suffisantes et efficaces ? En cas de litiges, comment sont-ils réglés ? Ces questions sont justifiées par le fait que l'investissement à l'étranger est souvent exposer à divers risques, notamment l'atteinte à la propriété par destruction ou dévalorisation de l'actif ; le non paiement des créances au titre de la gestion de l'investissement ou de sa liquidation, ou au titre de l'allocation d'une indemnité de dépossession insuffisante ; le non rapatriement des dividendes ; le non-transfert hors du pays étranger des créances liées à l'investissement ; la modification brutale de la législation du pays étranger relative aux investissements étrangers ; la fermeture brutale et imprévisible du marché étranger aux exportations dont l'investissement peut favoriser le développement Aussi, les intérêts des pays récepteurs de ces investissements privés peuvent être, dans une certaine mesure, divergents de ceux des investisseurs. À savoir la volonté d'orienter les capitaux vers des secteurs qu'ils jugent prioritaires ; d'éviter le rapatriement trop brutal des capitaux ; d'obtenir qu'une partie au moins des bénéfices soit réinvestie sur place Avant d'envisager les réponses aux interrogations soulevées plus haut, il nous faut fixer le cadre de notre étude en commençant par apporter des définitions aux thèmes qui nous occupent. Car l'appréciation moderne de l'investissement transcende la seule constitution de société par la prise de participations en capital. Il existe aujourd'hui des modes d'investissement qui se réalisent par l'intermédiaire de relations contractuelles qui contribuent au développement à long terme des États : la réalisation d'ensembles industriels, la vente de technologie, les contrats de coopération, les contrats de services, les transferts de technologie, etc. Toutefois, malgré la multiplication des échanges mondiaux, la notion d'investissement est diversement appréciée par les États. Ainsi, elle varie incontestablement en fonction des objectifs que se fixent chaque État, et de la part de sa souveraineté qu'il est prêt à céder ; l'hégémonie étatique restant bien vivante dès lors qu'il est question dinvestissement. Ce qui abouti au fait que tout État conserve sa propre notion dinvestissement et s'octroie la possibilité de réglementer aussi bien les investissements étrangers sur son territoire, que ceux de ses nationaux à l'étranger. S'agissant de l'investissement international, il est globalement défini comme celui qui est réalisé dans un État par un résident étranger. Toutefois, il existe de nombreux cas où un investissement réalisé par un national peut-être considéré comme international. C'est notamment le cas d'un investissement réalisé par une société constituée selon le droit national, mais contrôlée par des personnes étrangères. Divers exemples justifient donc que cette notion d'investissement international soit d'avantage approfondie. Quelles sont les dispositions qui sont prises dans la plupart des pays dAfrique en vue de régir l'investissement privé en droit international ? Les réponses apportées par lEtat de Côte-dIvoire nous serviront dexemple pour analyser les solutions envisagées par les Etats africains et la communauté internationale pour poser un cadre juridique adéquate aux investissements internationaux privés. Aussi, même si la tendance pour les Etats consiste à promulguer des codes des investissements et à prendre toute sorte de mesures unilatérales, force est de reconnaître que la communauté internationale a été le premier laboratoire dans lequel ces questions ont été posées. En effet des initiatives ont été prises à divers niveaux (mondial, régional, intracommunautaire ). Il sagira dans un premier temps recenser et dapprécier toutes ces initiatives. Mais encore, lédiction de normes ne garantissant pas la non-survenance de litiges (la communauté humaine étant sujette à générer des conflits), il sera ensuite question de lister les organismes compétents pour trancher les conflits en matière dinvestissement international en Afrique. Quid des normes sur lesquelles ils devront sappuyer en cas de conflits de règles ? Ici encore, un examen simpose. Enfin, même si le risque est inhérent à lentreprenariat et à linvestissement, force est de reconnaître que linternationalisation est un facteur décuplant à cause de laction de lEtat daccueil. Par conséquent, le candidat à linvestissement en Afrique devra envisager et anticiper les risques auxquels il peut-être soumis du fait de lexternalisation de son activité. De quelles garanties peut-il bénéficier ? Cette étude sera menée en suivant deux axes majeurs, savoir lanalyse du cadre législatif dédié à linvestissement privé international en Afrique (1ère Partie) et létude du système des garanties et du règlement des conflits générés par l'investissement privé international en Afrique (2nde Partie).