L'écriture de la trace

Writing traces

• Auteur / Autrice : Romain Couderc
• Direction : Dominique Pradelle
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie
• Date : Soutenance le 18/12/2021
• Etablissement(s) : Sorbonne université
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Métaphysique, histoires, transformations, actualité (Paris)
• Jury : Président / Présidente : François-David Sebbah
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Grégori Jean, Emmanuel Housset, Claudia-Cristina Serban

Mots clés

Mots clés contrôlés

Husserl, Edmund (1859-1938)

Et l'histoire

Ricœur, Paul (1913-2005)

Derrida, Jacques (1930-2004)

Levinas, Emmanuel (1906-1995)

Mémoire (philosophie)

Phénoménologie

Absence et présence

Reste (esthétique)

Mots clés libres

Trace

Signe

Langage

Écriture

Mémoire

Phénoménologie

Histoire

Esthétique

Trace

Sign

Language

Writing

Memory

Phenomenology

History

Esthetics

Résumé

Signe faible et équivoque, à valeur d’empreinte et d’indice, la notion de trace est sollicitée dans la tradition philosophique pour penser l’énigme de la présence d’un absent et son retrait, dans les champs de la temporalité et de la mémoire, de l’écriture et du langage, de l’histoire et des œuvres du passé. Au travers de la phénoménologie husserlienne, la trace est élevée au rang de schème conceptuel central dans les œuvres d’Emmanuel Levinas, de Jacques Derrida et de Paul Ricœur : la trace épèle ce qui résiste à son inscription phénoménale ; elle nomme l’écart à l’apparaître des « choses mêmes », dont elle complique la dimension originaire ; elle engage à penser l’anachronisme d’un passé du présent et d’un passé à venir. Sous l’impulsion de Levinas, elle désigne une altérité qui dérange la logique immanente des signes, par-delà toute présence phénoménale et toute intuition donatrice. Chez Derrida, elle est l’opérateur conceptuel permettant de faire vaciller l’idée métaphysique d’un accès sans médiation à un ordre originaire. Elle est enfin thématisée par Ricœur dans ses réflexions portant sur la mémoire, l’historiographie et sur la condition historique de l’être parlant. Comment penser l’altérité de la trace dans des philosophies poursuivant, ou interrompant, la voie phénoménologique ? En quoi la tradition phénoménologique husserlienne élabore-t-elle des champs de questionnements qui génèrent, rétrospectivement, une pensée de la trace ? Quels modèles théoriques de la trace peuvent être identifiés, afin de comprendre la fécondité problématique et la vertu heuristique d’un tel concept ? Telles sont les questions qui orientent cette étude.

A weak and equivocal sign whose value is that of a print or a clue, the notion of trace is conjured up in philosophical tradition in order to think the enigma of the presence of an absent and its vanishing, in the domains of time and memory, writing and language, history and the works of the past. Emmanuel Levinas, Jacques Derrida and Paul Ricœur elevated the concept of trace to the rank of a central conceptual scheme throughout their readings of Husserl’s phenomenology: the concept of trace refers to what is resisting its phenomenal inscription; it designates the distance from the presentation of “the things themselves,” whose original dimension is thus troubled; it invites to think the anachronism of a past of the present and of a past to come. With Levinas, the concept of trace designates an otherness that threatens the immanent logic of signs, beyond any phenomenal presence or presentive intuition. In Derrida’s work, trace is the conceptual operator that challenges the metaphysical idea of an unmediated access to an original order. It is eventually thematised by Ricœur in his reflections on memory, historiography and the human historical condition. How is the otherness of the concept of trace to be envisioned in philosophies that either continue or break with the phenomenological tradition? In what respect does Husserl’s phenomenological tradition trigger off questionings that retrospectively generate a philosophy of traces? What theoretical models of the concept of trace can be identified in order to grasp the problematic fecundity and heuristic virtue of such a notion? These questions lie at the foundation of this thesis