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Le rôle politique des missionnaires catholiques au Dahomey (1841-1913) : catholicisme et construction d’espace étatique

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 15/12/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Kokou Clément Nonfodji
Direction : Philippe DelisleDaniel Moulinet
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire mention histoire religieuse, politique et culturelle
Date : Inscription en doctorat le 13/11/2014
Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)

Résumé

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L’étude du rôle politique des missionnaires catholiques dans la construction d’un espace étatique relève d’une gageure parce qu’elle met en évidence un véritable paradoxe. Ontologiquement, en tant qu’ouvriers de l’Évangile, les missionnaires ne sont pas destinés à faire de la politique. Mais à partir de 1841, dans un cadre géopolitique des rivalités commerciales entre le Portugal, l’Allemagne, l’Angleterre et la France, les négociants français, installés à Ouidah, soutenus par des politiques français font recours aux missionnaires catholiques pour l’évangélisation du Dahomey dans le but d’y accroître l’influence française. Le Saint-Siège répond à cet appel non pas pour des raisons politiques et commerciales mais au nom de la théologie de l’espace, c’est-à-dire de l’impératif de l’expansion missionnaire dans les contrées où l’Évangile n’est pas encore annoncé. Il confie alors la juridiction ecclésiastique du Dahomey par le bref pontifical du 28 août 1860, aux Pères de la Société des Missions Africaines. Appelés dans ce contexte à évangéliser les Danhoméens, et munis de la théologie de leur temps, ils ont estimé que leur projet était incompatible avec les coutumes danhoméennes comme les sacrifices humains, la réduction en esclavage et la religion traditionnelle qu’est le vodun. Leur apostolat s’est donc donné pour visée de « libérer » le peuple dahoméen de tout ce qu’ils jugeaient être des formes de servitudes, pour l’introduire dans une « civilisation chrétienne » qui était aussi une civilisation européenne. Selon une telle optique, ils n’ont pas hésité à soutenir l’expédition militaire de la France contre le royaume du Danhomè. Dans leurs diverses correspondances et dans leurs rapports annuels envoyés aux instances romaines, ils ont fait savoir que les populations dahoméennes étaient disposées à recevoir la foi catholique et qu’il fallait vaincre le pouvoir royal du Danhomè qui interdisait la christianisation de son royaume et son ouverture aux préceptes de l’Évangile. Ils encouragent ainsi, à partir de 1889, la conquête coloniale du Dahomey pour des raisons avant tout religieuses. Après la chute de la monarchie danhoméenne en 1893, une ère nouvelle d’évangélisation s’est ouverte au Dahomey où le mouvement vers le catholicisme s’est accentué. Les missionnaires ont doublé leur effectif. Développant une stratégie raisonnée, ils se sont lancés dans l’appropriation territoriale du Dahomey, en commençant par couvrir sa partie méridionale, plus facilement accessible, de stations missionnaires, d’écoles, de fermes et d’œuvres d’éducation de l’enfance. Très vite, les missionnaires ont pris conscience que l’avenir du catholicisme dépendait de l’éducation des enfants. D’où la multiplication des missions catholiques pour réunir et retenir les enfants. Par le fait même que le Dahomey soit devenu français, il s’est ouvert à l’action complète des missionnaires qui jouissent d’une entière liberté pour le culte catholique. D’après les sources européennes, les chefs traditionnels s’opposent de moins en moins à la catholicisation des populations et collaborent avec les missionnaires, qui à leurs yeux représentent aussi la puissance occupante. Selon la même logique, les populations les accueillent volontiers et demandent même leur installation au milieu d’elles. Des asiles dans lesquels des malades et vieillards sont soignés et baptisés se sont multipliés. Même si les chiffres de baptêmes restent des indicateurs bien superficiels, grâce notamment aux dispensaires et asiles qui se présentent comme de bons moyens d’évangélisation, le nombre des chrétiens a connu une certaine croissance de 1894 à 1913. Par l’appropriation territoriale de tout le Bas-Dahomey en 1913, les Pères de la Société des Missions Africaines ont finalement œuvré à l’émergence de l’élite dahoméenne et ont posé les jalons de la future nation dahoméenne en mettant en relation des peuples d’ethnies différentes.