« Comment les aidants professionnels et familiaux appréhendent-ils la sexualité des personnes âgées vivant en établissements médico-sociaux et comment permettre un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes âgées en situation de dépendance »
Auteur / Autrice : | Catherine Bodie |
Direction : | Jacqueline Trincaz |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de léducation |
Date : | Inscription en doctorat le 01/12/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales (Créteil) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Suite à mon Master, mon intérêt autour de léthique entourant laccompagnement des personnes âgées par les aidants professionnels ou familiaux na fait que croître. Jai en effet constaté au travers de mes entretiens sur la sexualité des personnes âgées combien les échanges entre professionnels sont compliqués, mêlés dincompréhension, de questionnement et souvent de non dits. Aujourdhui, Je souhaite mener mon travail de thèse sur trois années et orienter mon action de recherche vers le parallèle entourant les personnes âgées et les personnes handicapées dans leurs approches et leurs vécus autour de la sexualité. Cette thématique sorganise autour des questionnements suivants: Comment laccompagnement à la sexualité des personnes âgées est-il envisagé par les aidants, professionnels ou non ? Sur quelle éthique prennent-ils appui, quelles perspectives de projet de vie envisagent-ils pour ces personnes ? Quen pensent les personnes âgées, souhaitent-elles un accompagnement et une reconnaissance de leur sexualité par les aidants professionnels et familiaux ? Pour mon travail de recherche, je choisirai de me centrer sur les personnes âgées en établissement tout en mappuyant sur laccompagnement à la sexualité des personnes handicapées qui uvrent depuis de nombreuses années pour cette reconnaissance afin dexercer pleinement leur choix de vie. Les personnes handicapées déplorent souvent dêtre traitées comme des enfants à cause de leur dépendance. Il leur est difficile dentrer dans la sexualité lorsque leurs proches les isolent et limitent leurs espaces dintimité. Pour les personnes âgées, ce ne sont pas les parents mais les enfants qui interdisent la sexualité aux personnes du grand âge et qui les infantilisent Cette infantilisation des aidants sexprime par un déni de leur sexualité et par une croyance en leur incapacité de lassumer. La maltraitance est parfois constatée à cause de lomerta autour de la sexualité. Ma question de départ serait ainsi la suivante : « Comment les aidants professionnels et familiaux appréhendent-ils la sexualité des personnes âgées vivant en établissements médico-sociaux et comment permettre un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes âgées en situation de dépendance » Plusieurs questions secondaires apparaissent : Quelles sont les représentations de la sexualité pour les personnes âgées et dépendantes ? Quel rôle jouent les familles, et les professionnels ? Quelle approche éthique est mise en uvre ? Que disent les lois françaises et européennes au sujet de la sexualité des aînés ? Des personnes handicapées ? La tutelle peut elle sexercer jusque dans laffectivité et la sexualité ? Assistants sexuels : quel accompagnement existe-t-il dans différents pays européens ? Interroger le sens et la portée de lassistance sexuelle ne consiste pas à nier la sexualité des personnes handicapées et des personnes du grand âge, mais au contraire à sen soucier davantage en adoptant une approche globale daccompagnement. La vie sexuelle ne se réduit pas à lacte génital. Elle engage des processus physiques, psychologiques et sociologiques complexes et inter-reliés Mon Hypothèse pourrait sénoncer ainsi : La France veut apporter un accompagnement de qualité aux personnes âgées. Pour autant dans notre pays, tout professionnel qui souhaite guider une personne âgée dépendante, voire handicapée dans sa sexualité peut se trouver en dehors de toute législation dans sa tentative daccompagnement. Si la question du droit à une vie affective et sexuelle semble aller de soi pour les personnes « adultes », il en va autrement pour les personnes « âgées » surtout si elles sont dépendantes et davantage encore si elles le sont cognitivement. La dimension sexuelle de la vie des personnes âgées, sous le joug des représentations sociales depuis lantiquité, reste taboue. Elle est difficile, voire parfois impossible à envisager pour le personnel et la famille qui estiment que les personnes âgées ne sont pas aptes à faire des choix et à exprimer leur liberté du fait quelles sont vieilles et/ou dépendantes. Dans ce contexte, toute expression de la sexualité pour une personne âgée atteinte de troubles cognitifs est encore plus surprenante et jugée anormale. Les manifestations de la sexualité chez les personnes âgées atteintes de la maladie dAlzheimer ne sont ni souhaitables ni envisageables, dautant quelles ne sont plus sous contrôle, puisque le résident peut exprimer des désirs profonds habituellement refoulés qui échappent à la raison de tous les aidants. Convaincus que la sexualité de ces personnes est impensable, dans le sens dinadmissible, les acteurs sociaux sévertuent à « désasexuer » les personnes âgées. Même si la science a démontré que la sexualité pouvait s'exercer toute la vie, les préjugés laissent croire que l'amour et la sexualité sont l'apanage de la jeunesse. Aujourdhui, nous commençons à avoir dans les institutions des personnes du babyboom qui ont vécu mai 68 et qui ont connu une sexualité « plus libérée ». La question se pose ainsi : « comment accompagner dans la vieillesse ceux qui par leur lutte ont obtenu une certaine liberté sexuelle ? » Comment les aider à oser leurs envies et leurs amours sans quils soient contraints par le physique et leur âge à ne plus pouvoir « être » Un comble pour ces personnes qui ont bousculé les lois et que la dépendance maintenant rattrape et que la loi limite Méthodologie de la recherche Nous nous appuierons sur des philosophes, des anthropologues des sociologues, spécialistes ou non de la vieillesse et du vieillissement (voir bibliographie), et sur le terrain nous mènerons des enquêtes par observations et entretiens non directifs auprès de résidents, de professionnels et daidants familiaux. Partant de ce premier constat, nous chercherons à connaître, à apprécier quels types daccompagnements existent dans les structures françaises. Puis nous ferons un parallèle avec les pays Anglo-Saxons et Suisse, où il existe de véritables aidants sexuels pour les gens âgés ou handicapés. Bibliographie sommaire ARGOUD D. et PUIJALON B., La parole des vieux : Enjeux, analyse, pratiques, Paris, Dunod, coll. « Action sociale », 1999, 228 p. CARADEC V., Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Paris, Armand Colin, coll. « 128 », 2008, 127p. CARADEC V., Vieillir après la retraite, Paris, Puf, coll. « Sociologie d'aujourd'hui », 2004, 240 p. FIAT E., Grandeurs et misères des hommes, Petit traité de dignité, Paris, Ed. Larousse, 2010, 224 p. FOLSCHEID D., MALHERBE B., FIAT E., LEDUC F., Collectif, Handicap, handicaps ? : Vie normale, vie parfaite, vie handicapée, Paris, Lethielleux, coll. « Collège des Bernardins », 2013, 254 p. PITAUD P., Sexualité, handicaps et vieillissement, Paris, Ed. Erès - 2011 - 256 p. PUIJALON B. et TRINCAZ J., Le droit de vieillir, Paris, Fayard, 2000, 282 pages RAMEIX S., Fondements philosophiques de l'éthique médicale, Paris, Ellipses, 1998, 159 p. RIBES G., Sexualité et vieillissement, Lyon, Chronique Sociale, coll. «Comprendre les personnes», 2009, 144 p. RICOEUR P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 1996, 24 p. TRINCAZ J. Article, « Paroles de jeunes sur la sexualité des vieux », Fascicule, Age-séduction,-sexualité, Périodique, Gérontologie et Société, n° 82, 1997, p. 146-160. VERNANT JP., Mythe et pensée chez les grecs, Etude, Paris, La Découverte, coll. « Poche numéro 13 », 2005, 432 p.