Thèse soutenue

Concilier monument et espace vivant : le projet de paysage comme démarche de restauration des jardins historiques

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Auteur / Autrice : Angèle Denoyelle
Direction : Jean-Paul Midant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 15/03/2023
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut parisien de recherche Architecture, urbanistique, société - Institut parisien de recherche Architecture, urbanistique, société
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Besse
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Midant, Maria Gravari-Barbas, Chiara Santini, Cristiana Mazzoni
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Gravari-Barbas, Chiara Santini

Résumé

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Les jardins historiques présentent un paradoxe majeur : conserver et transmettre un patrimoine en perpétuel changement. Longtemps écartés des préoccupations des Monuments Historiques pour cette raison, ils concentrent, en effet, la plupart des points ambigus de la conservation et de la restauration patrimoniales, et principalement celui du respect de l’évolution d’un monument. Leur prise en charge par l’administration des Monuments Historiques au cours des années 1980, si elle a permis à nombre d’entre eux d’échapper à l’oubli et à la disparition, a aussi entrainé l’application de ses doctrines et méthodes, fondées sur le principe d’unité de style, hérité du XIXe siècle et visant à reproduire une image historique. Ces réalisations, qui font du jardin un musée, occultent par conséquent totalement son aspect vivant. Parallèlement à ce cadre légal pourtant, une autre approche est apparue. A la croisée des démarches des paysagistes et des historiens de l’art des jardins, celle-ci, a convoqué un ensemble de disciplines pouvant contribuer à éclairer le sujet et à en explorer les multiples dimensions. L’enjeu est non seulement de définir ce qu’est un jardin historique, mais aussi d’en définir les critères de protection et de restauration. Peuvent-t-ils être les mêmes que ceux appliqués à l’architecture ? Un jardin peut-il être considéré comme un édifice ? Ou, au contraire, en tant que patrimoine dont le matériau principal est vivant, doit-on contribuer à conserver cette nature vivante et sa dynamique naturelle de renouvellement ? Au regard des réalisations portées par les deux approches et des enjeux écologiques de plus en plus impactants sur la dimension naturelle du jardin, il nous paraît légitime d’interroger aujourd’hui la pertinence du projet de paysage dans la restauration des jardins historiques en remplacement - ou en complément – de la restitution à l’identique portée par les Monuments Historiques. L’objet de cette recherche est donc de mettre en parallèle restauration des jardins historiques et démarche de projet de paysage afin d’évaluer la capacité de celui-ci à répondre à l’ensemble des dimensions à la fois monumentales et vivantes du jardin, et s'il peut être avancé comme une approche légitime et efficace. Ainsi, grâce à l’étude du processus de patrimonialisation des jardins, des doctrines d’intervention qui s’y sont appliquées mais aussi de l’analyse patrimoniale et paysagère de plusieurs réalisations anciennes et contemporaines – notamment le jardin des Tuileries, celui du musée Rodin et celui du château du Grand Jardin à Joinville – notre objectif est de montrer comment, en travaillant à partir du site lui-même et d’une analyse fine du terrain, le projet de paysage permet de tenir compte non seulement de l’histoire du lieu – en permettant la lecture des traces encore perceptibles – et d’assurer sa conservation et sa transmission mais aussi de l’intelligence du site et des dynamiques du vivant, naturelles et métaphysiques. Ce faisant, il permet de dépasser la seule conservation de la forme et de révéler l’esprit des lieux du jardin au travers de sa spatialité