Les premiers groupes d'amateurs de bandes dessinées, en France, dans les années 1960-70 : naissance de la bédéphilie ?

The first groups of comics enthusiasts, in France, in the 1960-70s : emergence of « bédéphilia », the love of comics ?

• Auteur / Autrice : Julie Demange
• Direction : Pascal Ory
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Soutenance le 13/12/2023
• Etablissement(s) : Paris 1
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2000-....)
• Jury : Président / Présidente : Laurent Martin
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Pascal Ory, Pascale Gœtschel, Sylvain Venayre, Bertrand Tillier
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Gauthier, Jean-Paul Gabilliet

Mots clés

Mots clés contrôlés

Bandes dessinées

Fans

Culture -- Histoire

Mots clés libres

Bandes dessinées

Bédéphilie

Goût

Passeur culturel

Histoire des sensibilités

Légitimation

Comics

Bedephilia

Taste

Cultural intermediary

History of taste

Legitimacy

Résumé

Ce travail questionne l’émergence du concept de « bédéphilie » en France dans les années 1960-70, une période durant laquelle le statut culturel de la bande dessinée évolue. Elle cesse d’être perçue comme une lecture trop infamante et uniquement enfantine. Son économie est également marquée par une double transformation : en France, la presse perd progressivement son monopole comme support de publications de la bande dessinée et se transforme et le métier de dessinateurs de bandes dessinées se professionnalise et ces derniers développent des discours esthétiques sur la bande dessinée. Dans ce contexte, nous avons choisi de nous intéresser à la formation des premiers regroupements d’amateurs de bandes dessinées, qui sont aujourd’hui qualifiés comme les pionniers de la bédéphilie, à savoir le Club des bandes dessinées évoluant ensuite en Centre d’études des littératures d’expression graphique (CBD/CELEG) et la Société civile d’études et de recherches des littératures dessinées associée à la Société française des amateurs de bandes dessinées (SOCERLID-SFBD). Ces deux instances amateures se sont principalement fait connaître par leurs discours sur la bande dessinée (revues, expositions, etc.) et par des activités de valorisation de la bande dessinée (rencontres, conventions). En réunissant des personnes cherchant à cultiver leurs goûts de la bande dessinée, ces deux instances amateures ont contribué à l’émergence de nouvelles pratiques sur la bande dessinée (collection, intérêt patrimonial, etc.). L’étude a porté sur l’ensemble de ces pratiques et discours et nous conduit à identifier ces deux instances amateures à la fois comme des lieux de sociabilité amateurs et comme des instances d’intermédiaires culturels qui ont participé à l’évolution du statut culturel de la bande dessinée et qui donne à voir également des évolutions de la légitimé du goût et des pratiques culturelles. Ce travail repose en grande partie sur l’analyse et le défrichement de sources encore largement inédites, les archives des trois principaux animateurs du CBD/CELEG et de la SOCERLIDSFBD, Pierre Couperie, Francis Lacassin et Claude Moliterni. Pour les deux premiers, nous avons participé à leur classement et archivage dans des institutions patrimoniales. En retraçant leurs engagements respectifs dans l’activité de ces premiers groupes amateurs et en croisant l’échelle de l’intime et du collectif, ce travail entend montrer comment une nouvelle sensibilité culturelle prend forme.

This work examines the emergence of the concept of “bedephilia,” the love of comics, in France in the 1960s-70s, at a time when the cultural status of the medium was changing, with comics reading no longer regarded as shameful and childish. French comics publishing was undergoing two significant transformations at this time, as comics gradually stopped appearing primarily in periodicals and as comics artist began professionalizing and developing aesthetic discourses on the medium. Against this backdrop, I have chosen to focus on the formation of the first groups of comics enthusiasts, now understood as the pioneers of bedephilia, namely the Club des bandes dessinées, which later evolved into the Centre d’études des littératures d’expression graphique (CBD/CELEG), and the Société civile d’études et de recherches des littératures dessinées in tandem with the Société française des amateurs de bandes dessinées (SOCERLID-SFBD). These two amateur bodies became recognized for their discourse on comics (magazines, exhibitions, etc.) and their activities to promote comics (meetings and conventions). By bringing together people seeking to cultivate their taste for comics, they contributed to the emergence of new practices related to comics, such as collecting, historical studies, etc. In this dissertation, I study these practices and discourses, and characterize these two amateur bodies as sites of amateur sociability but also as cultural intermediaries, which contributed to the evolution of the cultural status of comics, and which also revealed changes in the hierarchies of taste and cultural practices. This work relies to a large extent on the analysis archives of the three main animators of the CBD/CELEG and SOCERLID-SFBD, Pierre Couperie, Francis Lacassin and Claude Moliterni, most of which had not been previously explored. I helped classify and index the papers of the first two for archival institutions. By tracing their respective involvement in the activities of these early amateur groups, and by examining private and collective discourses, this work aims to show how a new cultural sensibility took shape.