Thèse en cours

''Ni père, ni souverain, ni loi, ni dieu''. Penser l'anarchisme en chinois au début du XXe siècle (1900-1927)

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Auteur / Autrice : Aurore Michelat
Direction : Christophe ProchassonXiaohong Xiao Planes
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit, Études politiques, philosophie
Date : Inscription en doctorat le 08/01/2014
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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Le cheminement de la pensée anarchiste en Chine a été étudié dans plusieurs travaux importants, proposés en chinois et en langues occidentales (en particulier l'anglais, le français et l'allemand), depuis la fin de la seconde moitié du XXe siècle, et plus encore depuis les années 2000. Ces contributions variées ont abordé le sujet à travers des thématiques très diverses (anarchisme mis en regard de la culture politique chinoise, anarchisme et Révolution Xinhai (de 1911), introduction de l’anarchisme de Kropotkine en Chine, ou encore étude d’un groupe, d'une actrice ou d’un acteur de l’anarchisme en particulier). Notre étude se propose de s'intéresser, pour sa part, au contenu théorique de l’anarchisme, défini comme courant singulier du socialisme du XIXe siècle européen et comme philosophie politique dont découle un modèle d’organisation sociale particulier, dans la Chine du début du XXe siècle. L’analyse de l’influence de cette pensée, a priori nouvelle au regard de la culture chinoise classique, sur la société chinoise contemporaine sera ainsi au centre des questionnements de ce travail de recherche. La question de l'influence que cette doctrine a pu exercer dans la formation intellectuelle des étudiantes, étudiants, lettrés et jeunes révolutionnaires chinois gagnés à l’anarchisme entre 1900 et 1907 sera également posée. Le rôle de la transformation politique et institutionnelle de la Chine de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle fera également l'objet d'une attention particulière. Étudier la pensée anarchiste en Chine suppose ainsi d'appréhender la manière dont cette doctrine fut reçue, comprise et modelée par l’élite intellectuelle chinoise dans le contexte de transition que connaît le pays après la Révolution de 1911, mais également avant celle-ci, au sein de sociétés d’anarchistes chinois extraterritoriales, établies en France et au Japon. Il s’agira ainsi de s’interroger sur la forme que prend l’anarchisme en Chine d’une part, et de s’intéresser, d'autre part, à la manière dont la langue chinoise est mobilisée pour traduire cette pensée. L'étude des périodiques anarchistes en langue chinoise de la période (mais également d’autres journaux chinois), des adaptations, des innovations théoriques et des choix de traductions opérés par les partisanes et les partisans chinois de l’anarchisme nous conduira à nous interroger sur les spécificités (réelles ou supposées) de l’anarchisme dans sa version chinoise. Enfin, cette recherche s’intéressera à la définition même de l’anarchisme, à travers l’établissement d’un dialogue textuel entre sa version occidentale et sa version chinoise, en abordant notamment la question de l’incidence, effective ou reconstruite, de la langue et de la culture chinoises sur la formulation singulière de l’anarchisme en Chine (en particulier grâce à une réflexion portant sur le taoïsme et le bouddhisme, mais également le confucianisme).