Thèse soutenue

Les effets capitaux des "petites" ressources : enquête en milieu populaire immigré aux Etats-Unis
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Auteur / Autrice : Ana Jimena Portilla Livingston
Direction : Stéphane BeaudSylvie Tissot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 14/10/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Sylvain Laurens
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Laurens, Jean-Yves Authier, Martine Court, Yasmine Siblot, Roger David Waldinger

Résumé

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Aux États-Unis, bien que l’expulsion de masse soit devenue le mot d’ordre de la politique migratoire, la population dite « illégale » est ancrée de longue date au pays. Cette thèse éclaire ce phénomène « par le bas », en analysant comment les immigré·es de classes populaires venant du Mexique et d'Amérique centrale mobilisent leurs ressources matérielles et sociales pour se prémunir d’une précarité statutaire exacerbée, tout en parvenant inégalement à s’installer durablement et à s’adapter à un nouveau pays. L’exploitation de dossiers juridiques d’immigré·es en procédure d’expulsion met d’abord en lumière les différences entre les plus ciblé·es par les politiques d’expulsion et celles et ceux qui parviennent à s’installer durablement. L’enquête ethnographique menée à Oakland, en Californie, permet ensuite de révéler les inégalités internes aux groupes d’immigré·es installé·es de longue date. La thèse montre ainsi toutes les « petites » ressources sociales dont ils et elles disposent, par leur position au pays d’origine, leur statut professionnel et la configuration de leurs groupes d’appartenance aux États-Unis. Ces différences se traduisent dans un accès inégal au travail et au logement, mais façonnent aussi des styles de vie et des manières d’investir la ville divergents selon les individus. Le groupe de pairs dans lequel chacun·e est inséré·e et le capital social qu’il apporte deviennent, au prix d’un travail relationnel permanent, primordiaux, dans un contexte de disparition de toute forme de sécurité salariale ou civique. Le groupe et l’espace urbain constituent alors le cadre dans lequel les primo-arrivant·es reconstruisent leurs visions du monde au pays d’arrivée et se réapproprient des catégories sociales et ethno-raciales leur permettant de s’orienter et de se situer dans ce nouvel espace social.