Réception de Proust chez les écrivains italiens : les cas de Tomasi Di Lampedusa, Moravia, Saba, Bassani, Piperno.
Auteur / Autrice : | Roberta Capotorti |
Direction : | Philippe Chardin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature Française |
Date : | Inscription en doctorat le 06/01/2014 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences de l'Homme et de la Société |
Résumé
Dans ce travail de thèse nous nous proposons d’étudier la réception de Proust chez quelques écrivains italiens entre XX et XXI siècle, en suivant le rapport que chacun d’entre eux tisse avec les thèmes proustiens du temps et de la mémoire. L’œuvre proustienne a été souvent interprétée par les romanciers italiens comme la recherche, douloureuse mais salvatrice, d’un temps perdu et mythifié – l’âge d’or de la jeunesse et des rêves – qui peut être enfin retrouvé par le biais de l’écriture. Contre cette vision mélancolique et consolatrice de l’œuvre proustienne se situent les œuvres de quelques lecteurs italiens de Proust : Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Alberto Moravia, Umberto Saba, Giorgio Bassani, Alessandro Piperno. Effectivement chez les écrivains de notre corpus - liés à Proust par différents niveaux d'intertextualité et tous auteurs d'essais critiques consacrés à l'écrivain français - il n’y a pas une contraposition claire et nette entre les plans du présent et du passé : les deux s’entremêlent, et souvent c’est le passé à déterminer les choix du présent. De plus, la mémoire ne représente pas un refuge et ne possède pas un pouvoir salvifique. Des souvenirs malheureux qui hantent le prince du Guépard jusqu’au « feu amical » de Piperno, les souvenirs ne soulagent pas, plutôt ils rongent les protagonistes, en les empêchant de vivre sereinement le présent. Des images de mort infestent le passé de nos auteurs, en touchant leur présent aussi. A la lecture, très répandue en Italie, sentimentale et nostalgique de la Recherche , ces écrivains semblent opposer la conscience que Proust soit un auteur qui raconte une crise, « la più profonda e la più vera che sia stata attraversata nel prolungato crepuscolo del secolo borghese » : comme chez Proust, dans ces œuvres aussi on retrouve un narrateur qui traverse une crise, mais qui n’a pas accès au mythe du paradis perdu. À travers l’analyse de ce corpus d’écrivains qui traversent le XXe siècle italien et qui touchent notre contemporanéité, nous nous proposons de rendre compte de certaines lectures proustiennes en Italie, développés autour du thème de la mémoire comme source de l’écriture, dans le but d’établir l’influence de la Recherche dans la littérature italienne, les différentes modalités d’appropriation et la multiplicité des lectures par des auteurs appartenant à une culture et une époque différente. En accomplissant cet objectif, l’analyse comparée proposée dans cette thèse offrira l’opportunité d’envisager la Recherche sous de nouvelles perspectives et approches.