Thèse en cours

Entre Orient et Occident, comprendre le schisme : les discussions de 1112 à Constantinople et le discours de Pierre Grossolanus, textes et contextes

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Auteur / Autrice : Achille Poulin
Direction : Vincent DérocheAlessandra Bucossi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire et archéologie du monde byzantin et post-byzantin
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université « Ca' Foscari » de Venise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....)
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Mots clés

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Résumé

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Les événements de 1054 sont traditionnellement, et largement, considérés comme la cause du schisme qui a séparé l'Église de Rome de celle de Constantinople. Cependant, et bien que de très nombreuses reconstructions historiques superficielles continuent de citer 1054 comme un passage clé de la division de la chrétienté, des études scientifiques plus récentes et plus rigoureuses considèrent ce même moment comme un événement de second plan, qui n'a pas eu l'influence qu'on lui a longtemps reconnue sur le développement des relations entre Orient et Occident dans les années qui ont immédiatement suivi. La recherche actuelle est parvenue à redéfinir l'importance réelle du soi-disant « schisme d'Orient » et à prouver que l'excommunication mutuelle de Cérulaire et d'Humbert de Silva Candida en 1054 n'avait eu aucun impact politique et culturel majeur, mais elle a cependant laissé de côté l'analyse d'ensemble de la période qui a suivi immédiatement ces événements, de la deuxième moitié du XIe siècle jusqu'à la seconde Croisade (1147-1150). De ce fait, elle a sous-estimé la portée des rencontres et des débats qui se sont produits alors et qui ont influencé, de manière beaucoup plus importante et durable que 1054, le développement des positions politiques, culturelles et religieuses des siècles suivants. Parmi ces événements d'importance particulière, nous pouvons compter les rencontres qui eurent lieu à la cour d'Alexis Comnène en 1112 puisqu'elles ont inspiré une très large production de textes en suscitant de nombreux débats théologiques. Ces textes, peu étudiés et valorisés par l'historiographie de cette période, constituent l'une des articulations centrales de l'histoire des rapports Rome-Byzance entre la première (1095-1099) et la seconde Croisade (1147-1150). Nous comptons faire de l'étude précise des discussions de 1112 l'objectif principal de notre projet, qui se présente dès lors au croisement de plusieurs disciplines. Il s'inscrit dans une visée à la fois historique et littéraire en proposant la reconstruction des débats de 1112, mais s'articulera forcément autour d'un noyau philologique. Le projet prendra comme point de départ les textes d'un personnage particulièrement problématique : Pierre Grossolanus. Chassé du siège d'archevêque de Milan au début de 1112, il est présent quelques mois plus tard à la cour d'Alexis Comnène et nous avons conservé de lui deux traités composés à cette occasion, un en latin et un en grec, qui font probablement tous deux partie d'une même œuvre. Nous viserons dans un premier temps un travail d'édition et de traduction des deux discours et tenterons d'établir les liens qui existent entre eux. Nous imaginons ensuite élargir légèrement notre champ de vision afin de considérer les textes des adversaires de Grossolanus. Nous nous intéresserons alors aux différents théologiens identifiés par comme participants aux discussions, sur la base d'importantes recherches qui ont été menées récemment : les cinquante dernières années ont vu en effet l'édition de textes fondamentaux qui doivent désormais être mis en contexte, alors que d'autres attendent encore d'être édités et étudiés avec attention. Une fois la position de Grossolanus bien établie grâce à l'étude du contexte et des textes de ses adversaires, nous pourrons proposer une analyse littéraire précise de la polémique et de l'importance de ces débats dans le développement du schisme et des positions respectives de Rome et de Constantinople au début du XIIe siècle. Notre travail, enfin, permettra de projeter les résultats obtenus dans les années précédant ou suivant immédiatement 1112 en posant ces discussions en regard des rencontres advenues entre 1054 et la deuxième Croisade, en tenant compte par exemple du synode de Bari en 1089 ou l'ambassade de l'empereur germanique Lothaire II en 1136, de façon à reconstruire un moment charnière dans les échanges Rome-Byzance sur la base solide de la documentation historique et littéraire existante.