Le savoir tacite, ressource sous-estimée des entrepreneures : comment les connaissances tacites et explicites modifient la perception qu'ont les entrepreneures de leur légitimité et de leur capacité à agir.
Auteur / Autrice : | Emma France |
Direction : | Jean-Claude Ruano-borbalan, Karim Medjad |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences humaines et humanités nouvelles spécialité Sciences de gestion et du management |
Date : | Inscription en doctorat le 02/11/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, CNAM |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Abbé Grégoire |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : HT2S - Histoire des technosciences en société |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Ce projet de thèse vise à étudier le rôle des savoirs et connaissances tacites au sein de la formation HEC Stand Up et notamment la manière dont ces connaissances, qui se manifestent en marge des savoirs et connaissances explicites transmis lors de la formation, jouent un rôle important dans la perception que les entrepreneures ont de leur légitimité et de leur capacité à agir. Au sein de ce programme, l'équipe pédagogique travaille de manière approfondie sur l'entrepreneure comme personne et comme porteuse de projet avant de s'intéresser au projet. Les entrepreneures sont généralement au stade de l'idée et celles qui ont déjà créé viennent se former car elles ne réussissent pas à concrétiser leur projet d'entreprise au-delà de sa forme juridique. La formation s'intéresse donc aux premières étapes de la création d'une activité économique entrepreneuriale avec deux objectifs : sécuriser et permettre d'accélérer la transformation d'une idée en activité générant des revenus. Dans un premier temps de la formation et de manière régulière, les discussions autour du projet d'une participante est ramenée plus ou moins rapidement vers l'entrepreneure en tant qu'individu et notamment son expérience et son histoire. Une part importante de la pédagogie repose sur l'identification des compétences de l'entrepreneure, sur la transformation de sa posture, sur le récit et la valorisation d'expériences passées (traitées sous la forme de « réalisations probantes ») et sur le récit visant la mise en cohérence entre son histoire personnelle, familiale, culturelle et ou sociale et son projet. Ces éléments du dispositif de formation, entre autres, doivent permettre d'engager les participantes dans la formation, d'augmenter la motivation à entreprendre et de l'ancrer de manière durable (ou au moins de donner des outils pour la renforcer régulièrement), de développer l'assertivité et la confiance en soi et de faciliter la mise en pratique d'un projet entrepreneurial. La formation s'articule autour de quelques notions de base liées au lancement d'une activité entrepreneuriale innovante (identifier un problème client par l'approche des « jobs to be done » de Christensen par exemple, tester son idée auprès d'un client et prototyper grâce au design thinking, techniques de négociation et de vente). Mais la pédagogie s'appuie également et amplement sur le questionnement aux entrepreneures, et se défend d'inculquer des « recettes entrepreneuriales ». Il s'agit en effet de favoriser un changement de posture, le développement de la confiance en soi et de l'estime de soi et la réflexivité des entrepreneuses pour les pousser à se questionner continuellement même après la fin de la formation. C'est dans le cadre de ces situations d'apprentissages spécifiques que je souhaite étudier la manière dont se transmettent et se manifestent les connaissances explicites et tacites que les entrepreneures jugent utiles et efficientes pour le développement de leur projet. Dans le cas de cette étude, le concept de « Tacit & Explicit Knowledge » (Savoirs et connaissances tacites et explicites) me paraît d'autant plus intéressant que la formation s'inscrit dans le cadre d'une institution académique et de sa politique d'égalité des chances. Il ma paraît donc être intéressant d'utiliser la notion des « Tacit & Explicit Knowledge » comme elle l'a été en philosophie et en études des sciences et techniques (argument approfondi dans la revue de littérature) car cette diffusion et cette transmission de connaissances relève moins d'une intention de professionnalisation que d'une intention double : -d'ouverture sociale et d'inclusion d'une part, dans le cadre de la politique d'égalité des chances ; -d'intronisation des bénéficiaires dans un certain monde entrepreneurial afin d'augmenter leur capacité d'agir et leur autonomie en leur donnant accès à des opportunités inédites. Cette thèse s'inscrit à la fois dans le champ des sciences de gestion et des Science & Tech Studies.