Ṭāhir Ḥaddād, la condition féminine et l'Islam : polémique autour des idées libérales d'un diplômé de la Zaytūna dans la Tunisie des années 1920-1930.

Ṭāhir Ḥaddād, women's status and Islam : controversy over the liberal ideas of a Zaytūna graduate in 1920s-1930s Tunisia.

• Auteur / Autrice : Chaouki Cherih
• Direction : Dominique Avon
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
• Date : Inscription en doctorat le 31/08/2022
• Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe sociétés, religions, laïcités
• Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Mots clés

Mots clés libres

Ṭāhir Ḥaddād

Zaytūna

Réforme

Islam

Tunisie

Femmes

Ṭāhir Ḥaddād

Zaytūna

Liberal

Islam

Tunisia

Women

Résumé

En 1930, Ṭāhir Ḥaddād publia Imraʼatuna fī-l-šarīʻa w al-muğtamaʻ (Notre femme selon la charia et dans la société), essai dans lequel il développa ses idées libérales relatives aux femmes tunisiennes musulmanes. Il y rejeta par exemple la justification de la polygamie en islam, l'inégalité dans l'héritage entre les femmes et les hommes, le port du ḥiğāb ou encore le droit exclusif au divorce accordé au mari. En tant que diplômé de la Zaytūna, il suscita une vive polémique qui aboutit à son excommunication (takfīr) par l'institution religieuse tunisoise ainsi qu'à une campagne de presse virulente initiée par ses adversaires politiques du Destour. Cela causa sa marginalisation religieuse et sociale. La thèse approfondit l'étude des termes de la polémique autour de Imraʼatuna en analysant les arguments religieux mobilisés de part et d'autre. L'objectif est de comprendre le processus de marginalisation d'idées libérales par l'institution religieuse porteuse d'une vision intégrale de l'islam. Pour ce faire, une approche comparative permet d'identifier les constantes de ce phénomène. De plus, la thèse traite la nature même des arguments religieux mobilisés. En effet, l'approche de Ṭāhir Ḥaddād remit en cause l'immutabilité de certaines normes et les conditionna à l'existence des circonstances historiques qui les ont vu naître. Il s'agit donc d'une révision épistémologique de l'ensemble du patrimoine religieux, ce que les oulémas tentèrent de contre-argumenter. En outre, l'histoire contemporaine des revendications pour les femmes musulmanes sera traitée dans sa diversité, en mettant la lumière sur la pluralité des voix tunisiennes, masculines et surtout féminines, s'étant distinguée à cette époque. Ṭāhir Ḥaddād n'en fit pas grand cas dans son ouvrage, ajoutant à la complexité de cette question.

In 1930, Ṭāhir Ḥaddād published Imraʼatuna fī-l-šarīʻa w al-muğtamaʻ (Our woman according to sharia and in society), an essay in which he developed his liberal ideas about Muslim Tunisian women. He rejected for instance the justification of polygamy in Islam, of inequality in inheritance between women and men, of the ḥiğāb, the right to divorce granted only for men. As a Zaytūna graduate, he set off a strong controversy which led to his excommunication (takfīr) by the religious institution of Tunis along with a smear campaign from his political rivals of the Destour's party. That caused his religious and social marginalization. The thesis will deal with the terms of the controversy around Imraʼatuna in depth, analyzing the religious arguments used by each side, in order to understand the process of marginalization of liberal ideas by a religious institution defending an integral vision of islam. To do so, a comparative approach will make it possible to identify the permanent features of this phenomenon. Moreover, the thesis deals with the very nature of those religious arguments. Indeed, Ṭāhir Ḥaddād's challenged through his approach the immutability of some standards and determined them to the historical circumstances that led to their emergence. It was thus an epistemological revision of the religious heritage as a whole to which Muslim scholars tried to answer back. Furthermore, the modern history of revendication for Muslim women rights will be dealt with in its diversity, shedding light on the plurality of Tunisian voices -male but more importantly female ones- which distinguished themselves at that time. Ṭāhir Ḥaddād did not make a strong case of them in his essay, thus adding to the complexity of the question at stake.