Thèse en cours

La non-violence comme moyen de changement en islam: la contribution de Ǧawdat Saʿīd.

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu en 2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Paola Pizzi
Direction : Dominique AvonZappa Francesco
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Etudes arabes et islamiques
Date : Soutenance en 2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec EPHE
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe sociétés, religions, laïcités
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Younes
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Avon, Francesco Zappa, Constance Arminjon, Gloria Samuela Pagani, Daniela Pioppi
Rapporteurs / Rapporteuses : Tom Woerner-powell, Francesco Alfonso Leccese

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse vise à contribuer à un thème encore peu représenté dans les études académiques, à savoir celui de la non-violence en islam. S'il est vrai que les soi-disant "printemps arabes" auxquels nous assistons depuis 2011, caractérisés par la mobilisation essentiellement pacifique de millions de personnes dans toute la région arabo-islamique du Moyen-Orient, ont ouvert une brèche sur cette question, laissant échapper un scénario qui interroge fortement un certain récit qui voudrait attribuer à la lutte violente un caractère d'inhérence aux principes doctrinaux de l'Islam - comme référent identitaire majoritaire - et d'abord à celui du jihad, d'autre part, cependant, la non-violence n'a pas encore obtenu un véritable droit de cité parmi les courants de pensée de l'islam contemporain : un manque de reconnaissance qui reflète aussi une situation intérieure. En fait, on sait très peu de choses sur ses principaux représentants, dont on parle souvent en se référant à des pratiques exogènes de non-violence : c'est ainsi que des militants non-violents comme les Indiens Abul Kalam Azad et Abdul Ghaffar Khan sont définis comme les « Gandhi des musulmans », même au sein du monde arabo-islamique, ce qui suggère implicitement l'idée perçue que la non-violence ne peut avoir un caractère islamique pleinement endogène. C'est avec ce même nom que l'on définit aussi souvent un penseur qui peut être considéré comme un des principaux théoriciens contemporains de la non-violence en islam, à savoir le prédicateur et théologien syrien Jawdat Sa'id, dont le vaste travail fait l'objet d'analyse de notre recherche. Encore peu connu, et encore moins étudié, même si le déclenchement de la révolution en Syrie en mars 2011 a mis en lumière son rôle d'inspirateur du mouvement non-violent dans ce pays, Jawdat Sa'id (1931-2022) est l'auteur de dizaines d'ouvrages en arabe, pour la plupart non traduits, qui insistent sur la nécessité d'adopter la non-violence comme modus operandi de l'action islamique en vue d'une réforme de la société, mais aussi des individus. D'abord adepte de la salafiyyah, Sa'id se rapprochera plus tard de l'islamisme, et notamment de sa principale organisation, celle des Frères musulmans, dont il ne deviendra cependant jamais membre. Au centre de notre travail se trouve donc une analyse de la réflexion de Sa'id sur la question du jihad dans l'islam à travers ses principaux ouvrages : d'une position initiale de dénonciation ouverte de la compréhension biaisée, de la part des musulmans, du sens et des finalités du jihad, dont le champ d'application est drastiquement réduit par lui, Sa'id arrivera par la suite à une position de non-violence radicale qui, tout en continuant à admettre le jihad comme une « institution doctrinale » inaliénable, annule cependant sa viabilité comme moyen de résoudre les conflits politiques, sociaux ou idéologiques à la fois dans le monde islamique et ailleurs. La présente recherche vise à démontrer que l'approche épistémologique adoptée par l'auteur est déterminante pour conduire progressivement sa réflexion vers un réexamen radical non seulement des conditions du jihad, mais aussi de certaines catégories doctrinales, théologiques et dogmatiques essentielles, telles que le tawhid, la fin de la prophétie ou le principe d'abrogation (naskh). La centralité de la question épistémologique nous a conduit à plaider en faveur de l'appartenance de Jawdat Sa'id à un phénomène plus large, celui des nombreux intellectuels musulmans contemporains qui ont poussé leur réflexion sur l'islam et ses sources au-delà des paradigmes interprétatifs traditionnels, et qui se sont efforcés d'intégrer les sciences humaines, jugées par ailleurs « incompatibles » avec une exégèse correcte. De ce vaste courant de réforme épistémologique, qui vise à l'affirmation d'un nouvel humanisme islamique, Jawdat Sa'id doit être considéré comme faisant partie intégrante, et sa théorie de la non-violence comme l'une des expressions de cette réforme.