Estimation des sources et puits de méthane en Arctique par assimilation de données atmosphériques
Auteur / Autrice : | Sophie Wittig |
Direction : | Isabelle Pison, Antoine Berchet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Instrumentation, télédétection, observation et techniques spatiales pour l'océan, l'atmosphère et le climat |
Date : | Soutenance le 13/01/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 1998-....) |
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Géosciences, climat, environnement et planètes (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Hélène Brogniez |
Examinateurs / Examinatrices : Andreas Stohl, Tuula Aalto, Line Jourdain | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Andreas Stohl, Tuula Aalto |
Mots clés
Résumé
L'Arctique est une région critique pour le changement climatique. Les températures aux hautes latitudes Nord augmentent environ trois fois plus vite que la moyenne mondiale : les changements environnementaux tels que la diminution de l'étendue de la banquise ou le dégel du pergélisol progressent donc rapidement. En conséquence, des rétroactions climatiques positives sont déclenchées dans cette région, ce qui accélère encore son réchauffement. L'un de ces changements est la possible augmentation des émissions de méthane (CH4). Le CH4 est un puissant gaz à effet de serre dont la concentration moyenne mondiale dans l'atmosphère a augmenté d'environ 160 % depuis l'ère préindustrielle, une tendance qui se retrouve en Arctique. Actuellement, diverses sources de CH4, naturelles et anthropiques, contribuent aux émissions en Arctique. Les émissions anthropiques sont principalement dues à l'extraction et à la distribution de combustibles fossiles par les nations arctiques. La principale source naturelle de CH4 est constituée par les zones humides situées aux hautes latitudes Nord, mais d'autres systèmes d'eau douce, les feux de forêt, des flux géologiques et des émissions océaniques de différentes origines contribuent également au bilan de CH4 de l'Arctique. En outre, le dégel et la déstabilisation du pergélisol terrestre et sous-marin pourraient augmenter les émissions de CH4 dans un avenir proche, par exemple en raison de l'exposition de la matière organique du sol. Cependant, l'évaluation des émissions de CH4 en Arctique et de leur contribution au budget mondial reste difficile. Cela est dû, d'une part, aux difficultés à effectuer des mesures dans des zones aussi difficiles d'accès. D'autre part, de fortes variations dans la distribution spatiale des sources de méthane et une mauvaise compréhension des effets des changements en cours sur la décomposition du carbone, la végétation et l'hydrologie compliquent l'évaluation. Le but de ce travail est donc de réduire les incertitudes sur les estimations actuelles des émissions de CH4 grâce à une approche de modélisation inverse pour mieux quantifier les sources et les puits de CH4 pour les années récentes (2008 à 2019). Plus précisément, il s'agit de détecter les tendances des émissions de CH4 et les changements éventuels dans les cycles saisonniers et d'analyser la capacité du réseau d'observation in-situ actuel à caractériser les différents secteurs et les tendances futures potentiellement causées par une "bombe à méthane". La mise en œuvre de l'inversion comprend des simulations par le modèle de transport atmosphérique FLEXPART, des émissions provenant d'inventaires et de modèles biogéochimiques et des données de concentrations atmosphériques de CH4 en 42 sites d'observation dans différentes nations arctiques. Les résultats de l'inversion montrent que la majorité des sources de CH4 actuellement présentes aux hautes latitudes sont peu contraintes par le réseau d'observation existant. On ne peut donc tirer des conclusions sur les tendances et les changements dans le cycle saisonnier pour les secteurs correspondants. Seuls les flux de CH4 des zones humides sont suffisamment contraints, principalement en Amérique du Nord. Au cours de la période étudiée, les émissions des zones humides ont une légère tendance négative en Amérique du Nord et une légère tendance positive en Eurasie orientale. Dans l'ensemble, les émissions de CH4 obtenues sont inférieures aux estimations ascendantes mais supérieures aux résultats des inversions globales. La contrainte insuffisante du réseau d'observation se retrouve dans un scénario simulant des augmentations futures des émissions de CH4. Les tendances appliquées ont non seulement été détectées de manière incorrecte dans les régions où elles étaient prescrites mais encore, des émissions élevées de CH4 ont été attribuées à des zones où aucune tendance n'était présente. Un hypothétique réseau d'observation étendu ne montre que des améliorations mineures.