Recherche d'exoplanètes habitables avec l'instrument SPIRou : problématique de l'activité stellaire
Auteur / Autrice : | Stefano Bellotti |
Direction : | Pascal Petit, Julien Morin, Gaitee Hussain |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Astrophysique, Sciences de l'Espace, Planétologie |
Date : | Soutenance le 25/05/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Toulouse ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Xavier Delfosse |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Francois Donati, Theresa Rank-Lueftinger | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Xavier Dumusque, Agnès Lebre |
Mots clés
Résumé
La recherche et la caractérisation de planètes habitables semblables à la Terre ont été des moteurs importants pour les missions spatiales actuelles (TESS, CHEOPS, JWST) et à moyen terme (PLATO, Ariel). L'étude conséquente de la variété chimique des atmosphères des exoplanètes permettra de réaliser des progrès significatifs dans notre compréhension de la formation et de l'évolution des planètes, ainsi qu'une base de référence pour évaluer les signatures potentielles de la vie. Actuellement, les résultats des campagnes de photométrie dominent les statistiques de détection de planètes, mais cette méthode ne transmet qu'une connaissance partielle de la planète (le rayon), et nécessite un suivi complémentaire par vitesses radiales afin de contraindre la masse planétaire. Une fois le rayon et la masse connus, il est possible de déduire la densité de la planète, qui est un ingrédient crucial pour une caractérisation atmosphérique précise. Les naines M représentent des cibles clés pour atteindre cet objectif. Elles sont plus nombreuses que les autres types spectraux dans le voisinage solaire, présentent des taux d'occurrence plus élevés de planètes semblables à la Terre, et possèdent des zones habitables plus proches. Cependant, les naines M peuvent être très actives, ce qui entrave le succès des recherches sur les vitesses radiales. L'activité stellaire est responsable d'inhomogénéités de surface (comme les taches sombres et les facules) qui génèrent des signatures de vitesse radiale parasites qui, à leur tour, noient la signature planétaire ou empêchent une détermination précise de la masse. Pour atténuer la contamination stellaire, nous devons mettre au point des techniques de filtrage de jitter, et comprendre en profondeur les sources de activité en jeu, ce qui nécessite donc un modèle précis du champ magnétique stellaire. Dans la première partie du projet, j'ai conçu un algorithme qui effectue une sélection aléatoire de raies spectrales ``stables''. En utilisant la liste de raies spectrales resultantes pour calculer les séries temporelles de vitesse radiale, nous avons observé une réduction du 50% de la dispersion, ce qui démontre le potentiel de l'algorithme à nettoyer les signaux parasites. L'algorithme a été testé pour corroborer sa portabilité sur des naines M de différents niveaux d'activité et types spectraux, et sur séries temporelles avec des planètes synthétiques injectées, pour vérifier que le signal associé ne serait pas significativement affecté. Pour comprendre la raison physique pour laquelle certaines combinaisons de raies spectrales conduisent à des séries temporelles avec un bruit d'activité plus faible que d'autres, j'ai reconstruit la carte de brillance de la surface stellaire au moyen de la technique d'imagerie Doppler. Les résultats de cette analyse sont encore préliminaires, mais nous observons déjà des différences dans la distribution de brillance d'une étoile lorsque l'on sélectionne des raies spectrales atomiques plutôt que moléculaires. Dans la deuxième partie, j'ai suivi le champ magnétique à la surface des naines M actives. En particulier, j'ai analysé les séries temporelles du champ magnétique longitudinal, de la largeur à mi-hauteur des profils moyens non polarisés et des flux magnétiques obtenus par modélisation de l'élargissement Zeeman, et j'ai reconstruit la topologie du champ magnétique au moyen de l'imagerie Zeeman-Doppler. J'ai cherché une évolution de ces quantités, révélant la présence de cycles magnétiques. Ceux-ci sont connus pour introduire des bruits parasites dans les séries temporelles de vitesse radiale, et des modulations du rayonnement énergétique (UV, rayons X) et du vent stellaire frappant les planètes. J'ai trouvé une variété de tendances à long terme qui présentent des complémentarités avec notre compréhension du cycle magnétique solaire. Ces résultats fournissent un retour pratique aux théories de la dynamo, qui sont incomplètes et encore débattues, même pour le Soleil.