Thèse soutenue

Modélisation dynamique des infections et co-infections génitales à papillomavirus humain (HPV) et de l’impact à long terme de la vaccination anti-HPV

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Auteur / Autrice : Mélanie Bonneault
Direction : Anne ThiébautLulla Opatowski-Mezrahi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique - biostatistiques
Date : Soutenance le 11/03/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Prétet
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Claude Boily, Benjamin Roche, Josiane Warszawski
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Claude Boily, Benjamin Roche

Résumé

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L’infection génitale au papillomavirus humain (HPV) concerne près d’un tiers des moins de 25 ans dès le début de leur activité sexuelle. Généralement asymptomatique, elle peut conduire au développement de lésions cancéreuses. Parmi la quarantaine de génotypes HPV transmis par les voies génitales, une quinzaine a été évaluée comme oncogène et agent causal du cancer du col de l’utérus. Deux vaccins proposés en France depuis 2007 aux jeunes filles ciblent deux génotypes HPV les plus à risque de cancer du col de l’utérus. Ces vaccins n’incluant qu’une fraction des HPV, l’évolution des prévalences d’infection et de co-infection reste incertaine. L’objectif de ce travail de thèse est de mieux comprendre l’impact des interactions entre génotypes HPV lors de co-infections intra-hôte sur l’évolution des prévalences des génotypes vaccinaux (V) et non vaccinaux (NV). Pour y répondre, ce travail s’appuie sur le développement d’un modèle individu-centré permettant de reproduire à la fois l’hétérogénéité des comportements sexuels et les dynamiques de transmission de génotypes V et NV en fonction de l’âge. Une première partie présente une description détaillée de ce modèle stochastique et de sa validation sur des données d’enquêtes. Ce modèle suppose que l’interaction entre génotypes se traduit par la réduction (compétition) ou la prolongation (synergie) de la durée d’infection par un génotype NV en cas d’infection préalable par un génotype V. La calibration des paramètres de transmission pour différentes forces d’interaction montre que plusieurs d’entre elles sont compatibles avec les données épidémiologiques pré-vaccinales d’infection et de co-infection. Dans les simulations, après introduction de la vaccination dans la population, nous observons que la prévalence des génotypes NV augmente en cas de compétition et diminue en cas de synergie et ce d’autant plus que l’interaction est forte. En cas de compétition, l’augmentation de la prévalence des NV pourrait entraîner une faible diminution voire une augmentation de la prévalence globale de tous les génotypes malgré la vaccination. La deuxième partie vise à explorer, par une étude de simulations, comment l’introduction de la vaccination modifie la diffusion de l’infection dans le réseau de contacts. Les simulations mettent en évidence des variations de prévalence des génotypes NV avant et après vaccination plus marquées chez les individus moins actifs. Dans la troisième partie, le modèle est utilisé pour émuler les schémas d’études épidémiologiques afin de déterminer les conditions (nombre de sujets, délai après l’introduction du vaccin) nécessaires à la détection d’une diminution ou augmentation des prévalences de HPV suite à l’introduction de la vaccination dans la population. Une revue systématique de la littérature fait ressortir deux schémas d’études observationnelles comparant les prévalences d’infection soit dans deux populations en périodes pré- et post-vaccinales, soit chez les vaccinés et les non vaccinés en période post-vaccinale. Les résultats obtenus suggèrent que les études publiées à ce jour quel qu’en soit le schéma manquent de puissance statistique pour détecter une variation de prévalence des génotypes NV. S’appuyant sur le développement d’un modèle validé pour reproduire des comportements sexuels et des prévalences d’infection à HPV réalistes, l’ensemble de ce travail de thèse participe donc à l’amélioration des connaissances épidémiologiques sur les infections et co-infections à HPV et permet d’anticiper l’impact des mesures de prévention vaccinale sur la prévalence de l’infection à HPV.