Thèse soutenue

Exposition des nouveau-nés prématurés aux parabènes via l'administration des médicaments

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Guillaume Binson
Direction : Antoine DupuisNicolas Venisse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherche clinique, Innovation technologique, Santé publique
Date : Soutenance le 08/12/2020
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences Biologiques et Santé (Limoges ; 2018-2022)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d’investigation clinique - CIC (Poitiers ; 2002-....) - Centre d'Investigation Clinique / CIC
faculte : Université de Poitiers. UFR de médecine et de pharmacie
Jury : Président / Présidente : Sylvie Crauste-Manciet
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Dupuis, Nicolas Venisse, Jean-Bernard Gouyon
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Sautou, Nicolas Simon

Résumé

FR  |  
EN

Les parabènes, reconnus comme perturbateurs endocriniens, sont couramment utilisés en tant que conservateurs dans l’alimentation et les cosmétiques mais également dans les médicaments. Selon l’hypothèse de la DOHAD (Developmental Origins of Health And Diseases), l’exposition pré- et périnatale à ces composés est un facteur de risque de développer des maladies chroniques plus tard dans la vie. Les nouveau-nés, et plus particulièrement les prématurés, constituent une population particulièrement vulnérable à ces substances du fait de l’immaturité de leur métabolisme et de la poursuite du développement à cette période de vie, notamment concernant leur système endocrinien. Néanmoins, l’exposition des nouveau-nés aux parabènes n’a été que très peu étudiée, en particulier l’exposition à travers l’administration des médicaments.L’objectif de cette thèse est d’étudier l’exposition des nouveau-nés aux parabènes via l’administration des médicaments. Pour cela, nos travaux ont consisté à : (i) Identifier les médicaments utilisés en pédiatrie contenant des parabènes et estimer l’exposition aux parabènes à l’aide d’une cohorte de plus de 8000 nouveau-nés hospitalisés dans les établissements de santé français ; (ii) Mettre au point une méthode de dosage sanguin ultrasensible des parabènes, adaptée à cette population afin d’évaluer la part attribuable aux médicaments dans l’exposition aux parabènes ; et (iii) Proposer des stratégies alternatives permettant de limiter cette exposition dans la prise en charge de ces nouveau-nés.Nos résultats montrent une exposition significative des nouveau-nés, qu’ils soient prématurés ou nés à terme, à trois parabènes. Plus de 50% des nouveau-nés ont été exposés au moins une fois au méthyle et au propylparabène, cette fréquence d’exposition diminue avec l’âge gestationnel à la naissance. Cette tendance a été également retrouvé également pour l’éthylparabène. Les valeurs moyennes d’exposition étaient de 0,654 ± 0,892, 0,256 ± 0,261 et 0,097 ± 0,136 mg/kg/j pour le méthyle, l’éthyle et le propylparabène respectivement. Cette exposition est retrouvée dans tous les établissements de santé étudiés et des différences significatives ont été observés en fonction de l’âge gestationnel à la naissance. Les nouveau-nés à terme et les très grands prématurés (<28 semaines d’aménorrhée) sont particulièrement exposés au méthyle et au propylparabène, tandis que l’exposition à l’éthylparabène concerne essentiellement les nouveau-nés à terme. Trente médicaments ont été impliqués dans l’exposition des nouveau-nés aux parabènes, avec des différences d’utilisation entre les centres. Nos recherches ont montré que certains d’entre eux peuvent être substitué, soulignant la nécessité de prise en compte de ces éléments dans le référencement des médicaments. Pour d’autres, des changements de pratiques et une modification des formules galéniques par les industriels est nécessaire pour limiter l’exposition de ces enfants.Concernant les possibilités de substitution, nous avons développé et évalué la stabilité de préparations hospitalières sans parabènes sur une durée de 60 jours, afin de proposer une alternative sans parabènes pour des molécules n’existant pas avec une forme galénique adapté chez le nouveau-né. Enfin, la méthode de dosage ultrasensible mise au point a été validée selon les critères internationaux, permettant de doser les parabènes de façon fiable sur un faible volume d’échantillon (50 µL). Son applicabilité a été démontrée sur des échantillons plasmatiques issus de nouveau-nés.Au final, ces travaux apportent un éclairage complet sur l’exposition des nouveau-nés aux parabènes en démontrant que les médicaments sont une source non-négligeable d’exposition. Nous apportons également des solutions alternatives dont la mise en œuvre permettra de diminuer cette exposition durant l’hospitalisation des nouveau-nés.