Thèse soutenue

Rôle du facteur de transcription ZEB1 dans l'échappement au système immunitaire et la résistance aux traitements dans le mélanome

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Auteur / Autrice : Maud Ligier
Direction : Julie Caramel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Cancérologie
Date : Soutenance le 07/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
Jury : Président / Présidente : Stéphane Dalle
Examinateurs / Examinatrices : Julie Caramel, Salem Chouaib, Nathalie Andrieu-Abadie, Caroline Aspord, Julien C. Marie
Rapporteurs / Rapporteuses : Salem Chouaib, Nathalie Andrieu-Abadie

Résumé

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Le mélanome est le plus agressif des cancers cutanés. Alors que les patients atteints de mélanome métastatique étaient face à un désert thérapeutique durant des décennies, la découverte de la mutation majoritaire BRAFV600E a conduit à la première révolution des thérapies ciblées. La réponse obtenue par l’utilisation de ces thérapies ciblées est rapide et drastique mais de courte durée. En parallèle, le développement des immunothérapies a lancé une deuxième révolution thérapeutique pour les patients atteints de mélanome, quel que soit leur profil mutationnel. A l’inverse des thérapies ciblées, les immunothérapies offrent la possibilité de réponses à long terme, en réactivant le système immunitaire du patient. Les réponses impressionnantes observées chez certains patients a permis le développement des immunothérapies avec une vitesse de mise sur le marché sans précédent. Cependant, malgré ces deux avancées majeures, de sévères problèmes de résistances sont encore à surmonter pour le traitement des mélanomes métastatiques. La transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) est un processus de plasticité des cellules cancéreuses majeur impliqué dans la tumorigenèse, l’acquisition de propriétés souches, l’échappement au système immunitaire et la résistance au traitement des carcinomes. Dans le mélanome, l’équipe a précédemment mis en évidence les fonctions antagonistes des facteurs de transcriptions inducteurs d’EMT : ZEB2 et SNAIL2 ne sont pas seulement impliqués dans la délamination des cellules de crête neurale et la différenciation mélanocytaire mais ils restent exprimés par les mélanocytes normaux chez l’adulte. Leur expression diminue au cours de la progression tumorale, au profit des facteurs ZEB1 et TWIST1. Ce changement de profil d’expression est un facteur de mauvais pronostique pour les patients atteints de mélanome. Étant donné le rôle oncogénique majeur de ZEB1 au cours du développement du mélanome, nous avons analysé son rôle dans la régulation du phénotype des cellules de mélanome, la résistance aux thérapies ciblées et l’échappement au système immunitaire des mélanomes. Nous avons premièrement démontré que ZEB1 favorise la résistance aux inhibiteurs de la voie MAPK en induisant un phénotype souche MITF faible/NGFR fort des mélanomes mutés pour BRAFV600E. En effet, l’expression de ZEB1 est augmentée dans les cellules de mélanome résistantes (résistance innée et acquise), en comparaison avec les cellules sensibles. Alors que ZEB1 favorise l’émergence de cellules résistantes, le ciblage de ZEB1 restaure la sensibilité aux inhibiteurs de BRAF et sensibilise les cellules résistantes, démontrant l’intérêt de la stratégie d’un point de vue thérapeutique. De plus, l’analyse de l’infiltrat immunitaire d’une cohorte de mélanomes humains a mis en évidence l’infiltration réduite par les lymphocytes T CD8 dans les tumeurs de mélanome au fort niveau d’expression de ZEB1. Nous avons implémenté des approches de gain et perte de fonction in vivo dans des modèles syngéniques de mélanomes murins et ainsi démontré que ZEB1 régule la croissance tumorale et modifie la composition de l’infiltrat immunitaire, en partie en contrôlant le recrutement des lymphocytes T CD8 au cœur de la tumeur. Au niveau moléculaire, ceci peut être expliqué par une production réduite des chémokines attractrices des T CD8 dans le sécrétome des tumeurs aux forts niveaux de ZEB1. Enfin, nous avons démontré les conséquences de ce remodelage du microenvironnement immunitaire sur la réponse aux anti-PD1. En effet, nous avons montré un effet synergique du ciblage de ZEB1 en combinaison avec les anti-PD1 dans le contrôle de la croissance tumorale. Dans l’ensemble, nos travaux démontrent le rôle majeur de la plasticité cellulaire dépendante de ZEB1 dans le développement des mélanomes et ouvre de nouvelles perspectives en terme de stratégies de combinaisons thérapeutiques, aussi bien avec les thérapies ciblées que les immunothérapies