Thèse soutenue

Politique budgétaire et taux d’intérêt en croissance ralentie

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Auteur / Autrice : Ismaël Ramajo
Direction : Claude Bismut
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 16/12/2019
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Économie de l'Environnement - Montpellier (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Daniel Serra
Examinateurs / Examinatrices : Claude Bismut, Daniel Serra, Cécile Couharde, Jean-Sébastien Pentecôte, Jacques Le Cacheux
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Couharde, Jean-Sébastien Pentecôte

Résumé

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Cette thèse questionne aussi bien la théorie macroéconomique conventionnelle que les doctrines de politique économique quant à leur capacité d’éclairer et de traiter les problèmes de politiques budgétaires depuis la crise de 2008. Le chapitre introductif propose une analyse descriptive. A la suite d’une longue période de progression de l’endettement public, les déficits plongent pendant la récession mais les taux d’intérêt continuent de baisser à l’exception de quelques pays confrontés à graves déséquilibres budgétaires. L’inflation se stabilise à un niveau faible mais les taux d’intérêt passent au négatif. La croissance potentielle continue de se ralentir et l’hypothèse d’une stagnation séculaire devient plausible. Le deuxième chapitre aborde le rôle des agences de notations et de leur pouvoir réel ou supposé. On a accusé les agences de notation d’accroître les risques de défaut en dégradant la notation des pays en difficulté, provoquant des hausses de taux d’intérêt. On mène une étude empirique sur la récente crise budgétaire qui a touché les GIIPS (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne) au sein de la zone euro. On teste de manière systématique les relations causales entre les notations des trois principales agences (Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch Ratings) et les cinq écarts de taux souverains. Ces tests indiquent que c’est plutôt la prime de risque qui cause une variation de la note, et non le contraire. L’agence de notation donne une information qui a déjà été anticipée sur les marchés financiers. Ce résultat doit être nuancé car on détecte une relation causale des avertissements de dégradation (outlook). Le troisième chapitre porte sur les facteurs explicatifs des taux d’intérêt réels. Le modèle standard (AS-AD) affirme que le taux d’intérêt d’équilibre doit augmenter à la suite d’une expansion budgétaire ou à la suite d’un ralentissement de la croissance potentielle, quel que soit le régime (classique, Keynésien ou intermédiaire). Des extensions du modèle nous permettent de tenir compte des influences extérieures, des primes de risque souveraines, de la croissance potentielle et des anticipations. Ceci n’inverse pas les prédictions du modèle et on réconcilie la théorie avec les faits seulement lorsque l’on remet en cause l’hypothèse keynésienne de la propension à consommer. L’introduction d’un comportement de consommation intertemporel (revenu permanent) permet une explication plausible de la conjonction entre croissance lente et taux d’intérêt bas. Nous avons estimé une relation économétrique sur des données annuelles pour un panel de 19 pays de l’OCDE. Ces tests confirment l’influence des facteurs suggérés par les modèles théoriques, en particulier le lien entre diminution des taux d’intérêt et ralentissement économique. Le quatrième chapitre développe une réflexion sur le risque de défaut souverain. Des doutes sur la soutenabilité de la dette dans certains pays développés ont ressurgi après la crise de 2008. La restructuration de la dette sous la forme de prêt conditionnel, s’est imposée comme solution multilatérale pour combattre l’apparition de défauts. Un autre moyen consiste à mutualiser les dettes des gouvernements d’une même zone. On construit un modèle statique susceptible de représenter ces trois notions alternatives (défaut de paiement, restructuration et mutualisation). On décrit une situation dans laquelle deux gouvernements peuvent décider de faire défaut ou de rembourser leurs dettes. Une application numérique calibrée sur le défaut de paiement de la Grèce en 2012 nous permet de catégoriser son défaut comme stratégique et de constater que la restructuration a fait basculer sa décision, rendant le remboursement bénéfique. L’existence en amont d’un eurobond ayant un taux d’intérêt commun inférieur à 3.5% aurait également empêché la mise en place du défaut grec et évité une coûteuse restructuration de dette.