Thèse soutenue

Localisation des sons chez les crocodiliens

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Léo Papet
Direction : Nicolas GrimaultNicolas Mathevon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Acoustique
Date : Soutenance le 13/12/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique (Villeurbanne ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : A. Karyn Julliard
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Grimault, Nicolas Mathevon, Sabine Meunier, Elodie Briefer
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Aubin, Colleen Reichmuth

Résumé

FR  |  
EN

Les crocodiliens ont développé des capteurs très précis pour sonder leur environnement jusqu'à atteindre leur position de super prédateur. Ces capacités sensorielles sont primordiales en situation de chasse mais elles sont également nécessaires pour assurer les interactions sociales entre partenaires sexuels ou entre parents et jeunes. Depuis l'intérieur des œufs, les embryons matures utilisent la communication acoustique pour synchroniser l'éclosion. Dans leurs premières années, les jeunes vocalisent en cas de danger pour solliciter la protection de leurs parents et assurer la cohésion du groupe afin de limiter les risques de prédation. Enfin, les vocalisations sont utilisées en parade nuptiale avant l'accouplement. Pour assurer la communication acoustique et pour chasser leurs proies depuis l'interface air-eau, les crocodiliens doivent localiser avec précision les multiples sources sonores de leur environnement. Si la perception acoustique a été un sujet d'intérêt pendant plusieurs années, les capacités de localisation sonore des crocodiliens ont été rapportées comme précises mais n'ont été étudiées que rarement. Les oiseaux, et en particulier les oiseaux vocaux, ont été testés à de nombreuses reprises pour comprendre les processus et les performances de localisation des sons, mais ces caractéristiques restent mal connues chez les espèces apparentées les plus proches : les crocodiliens. Quand ils chassent, les crocodiliens nécessitent une localisation sonore précise de leur proie. La plupart des espèces de crocodiliens sont opportunistes mais une caractéristique commune est leur méthode de chasse à l'affût ne laissant émerger que les yeux, les oreilles et les narines. Une bonne localisation est également nécessaire au cours de leur vie pour assurer leurs interactions sociales.Tout d'abord, nous avons mesuré les indices acoustiques de localisation en plaçant des microphones à l'intérieur des oreilles d'animaux juvéniles. En déplaçant une source sonore autour de l'animal, nous avons pu quantifier les signaux monauraux (fonctions de transfert relative à la tête, HRTF) et binauraux (ILD et ITD). Ensuite, nous avons entraînés des crocodiles du Nil à venir à une source sonore lorsqu'ils émettent un signal spécifique. Nous avons pu quantifier leurs performances de localisation sonore en utilisant séparément l'ILD et l'ITD. Enfin, nous avons mené des expériences de playbacks dans un environnement artificiellement bruyant. Cette dernière partie est basée sur une triple approche, en testant : des caïmans Yacare dans la nature avec des cris de détresse de jeunes individus ; des crocodiles du Nil en diffusant des appels de ses congénères ; des crocodiles du Nil entraînés dans une expérience Go/No-Go, assurant une forte motivation.Nous avons constaté que la morphologie externe de la tête des crocodiliens induit des indices acoustiques pertinents en fonction de la position de la source sonore. En mesurant les indices monauraux lorsque l'animal se reposait sur le sol et dans la position naturelle de chasse à l'interface entre l'air et l'eau - nous avons démontré que ces repères sont conservés même lorsque seulement une petite partie de la tête est émergée. Ce résultat peut suggérer une adaptation potentielle à cette position de chasse spécifique assurant des indices de localisation importants. Les crocodiles testés font preuve d'une très grande précision au cours de tâches de localisation sonore. Nos expériences ont montré que l'ITD et l'ILD sont pertinents pour estimer la position d'une source sonore et nous avons mesuré l'angle minimum audible (MAA) pour la première fois dans l'ordre des crocodiliens. Enfin, en présence d'une source de bruit dans leur environnement, les crocodiliens utilisent le démasquage spatial pour améliorer la détection de signaux acoustiques pertinents