Thèse soutenue

La place des habitants dans le tourisme : ethnographie d’une forme de résistance sur le territoire parisien

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Auteur / Autrice : Marine Loisy
Direction : Anne MonjaretSaskia Cousin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 13/12/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Emmanuelle Lallement
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Lallement, Maria Gravari-Barbas, Isabelle Backouche, Jean-Didier Urbain, Tommaso Vitale
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuelle Lallement, Maria Gravari-Barbas

Résumé

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Depuis quelques années, certaines destinations européennes font face à l’apparition de mouvements contestataires dénonçant les nuisances liées au tourisme. Progressivement, ce phénomène a, en partie, conduit à une mise en lumière des habitants sur les scènes touristiques. Cette thèse examine le cas de la métropole parisienne, qui figure comme une des destinations phares du tourisme mondial. En mettant en perspective l’analyse de ces évolutions et l’émergence d’un tourisme dit « participatif » dans la capitale et dans les départements de proche banlieue, elle examine les places occupées et les rôles joués par les habitants dans l’échiquier touristique parisien. À partir d’une enquête ethnographique multi-située sur le territoire métropolitain, cette recherche s’appuie, notamment, sur l’observation participante et l’entretien semi-directif auprès d’habitants, de professionnels, et de représentants institutionnels et politiques. L’analyse des stratégies d’adaptation des résidents permanents à la présence touristique révèle, ainsi, des formes de protestation contre certaines nuisances, des signes d’accommodation dans leur quotidien et la proposition d’activités et de services tournés vers une quête d’authenticité. Ainsi, ce travail propose d’analyser les manifestations habitantes en miroir des rejets observés dans d’autres villes, comme à Barcelone ou à Venise, et met en lumière un processus de touristification de l’ordinaire. Dans un premier temps, cette thèse dresse un état des lieux du tourisme sur le territoire parisien, entre une destination perçue comme « éternelle » et la naissance de pratiques de résistance habitante. Elle permet de croiser l’examen des situations de cohabitation conflictuelle vécues par les Parisiens et la dimension des enjeux politiques. Elle s’intéresse aussi aux pratiques de participation des habitants, dont l’investissement repose, en partie, sur des choix individuels et sur les stratégies d’acteurs professionnels. Dans un second temps, l’analyse se penche plus particulièrement sur la balade guidée amateur comme dispositif propice à l’observation des interactions entre le visiteur et le visité. L’hypothèse exposée dans cette recherche consiste à examiner la participation habitante dans sa globalité, et cette pratique de balade en particulier, comme des formes de résistance à un tourisme « classique ». Finalement, relevant d’une anthropologie contemporaine des phénomènes touristiques, cette recherche concentre son attention sur les habitants en tant qu’acteurs engagés dans l’accueil, l’orientation, l’hébergement ou le guidage. Elle se penche ainsi sur les images que les visités façonnent de « l’autre de l’Autre », c’est-à-dire d’eux-mêmes.