Thèse soutenue

Les violences entre partenaires intimes : de l’indignation politique et morale aux pratiques routinières des institutions pénales : une comparaison entre la France et la Suède

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Auteur / Autrice : Marine Delaunay
Direction : Éric Macé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Société, Politique, Santé Publique
Date : Soutenance le 12/12/2019
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Olivier Cousin
Examinateurs / Examinatrices : Éric Macé, Émilie Curinier-Biland, Fabien Jobard, Cécile Vigour, Boel Berner
Rapporteurs / Rapporteuses : Émilie Curinier-Biland, Fabien Jobard

Résumé

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Cette thèse propose de comprendre les ressorts du décalage entre l’indignation politique et morale que suscitent les violences entre partenaires intimes en France, et les pratiques routinières de leur prise en charge par l’institution pénale. L’hypothèse générale consiste à penser que la mobilisation des problématiques relatives aux rapports de genre tendrait à politiser davantage les pratiques judiciaires. La méthode comparative éclaire par contrastes les cadres sociaux et juridiques à partir desquels les violences sont définies et leurs causes interprétées. En France, l’intimité du lien entre les partenaires fonctionne comme un standard qui déclenche automatiquement la mise en œuvre d’une circonstance aggravante. En Suède, ces violences consistent en une infraction spécifique qui considère la distribution genrée des rôles de victimes et de coupable. Quelle est l’influence de ces cadrages sur le traitement institutionnel des violences entre partenaires intimes ? Reposant sur plus d’une centaine d’entretiens et des observations, la thèse documente la manière dont les pratiques des acteurs (enquêteurs, médecins légistes, procureures, juges et intervenant sociaux) s’alignent pour produire des qualifications pénales, réguler les flux et sanctionner ces affaires. Elle met en relief les contraintes socio-organisationnelles, les règles normatives et ce qu’elles permettent comme marges de manœuvres au déroulement de ces activités sociales. Enfin, elle interroge le sens que les acteurs professionnels mettent dans leurs pratiques et que les justiciables, désignés comme auteurs de violences par la justice, trouvent dans la sanction pénale. La rencontre des cadres, des pratiques et des subjectivités produit in fine une euphémisation de la dimension politique des violences en France, et une politisation comprenant un certain nombre d’angles morts en Suède.