La vie dénudée à l'épreuve du paysage ˸ une analyse des films érotiques et révolutionnaires de Kôji Wakamatsu et Masao Adachi
Auteur / Autrice : | Hugo Paradis-Barrère |
Direction : | Philippe Dubois |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuelles |
Date : | Soutenance le 29/11/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....) |
Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Nicole Brenez |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Dubois, Nicole Brenez, Michael Lucken, Jean-Michel Durafour |
Résumé
Au Japon, les années 1960 ouvrent une période de contestation politique et artistique. Dans un contexte de déclin des studios traditionnels, les films mettant l’accent sur des faits divers violents se développent en parallèle du Pinku Eiga, genre érotique. Des cinéastes comme Kôji Wakamatsu et Masao Adachi émergent, et avec eux des films où se mêlent nudité et velléités révolutionnaires, témoignant tant d’une interrogation proprement érotique des corps que d’une remise en question virulente de la société contemporaine. Le crime, la déviation deviennent autant de canaux de contestation, tandis que l’érotisme déploie un contre-récit des relations humaines. En écho à ce questionnement, les films de la fûkeiron, la « théorie du paysage », interrogent le devenir des individus confrontés aux paysages du monde moderne. Aux corps surreprésentés du pink font face des corps absents, évacués du visible comme de l’Histoire officielle. Criminels, révolutionnaires ou nymphomanes, autant de vies dénudées qui échappent aux catégories traditionnelles et dont les cinéastes donnent à voir le processus d’émancipation, jusqu’à l’autodestruction parfois. Cet assujettissement visuel et narratif du corps à une organisation qui le dépasse interroge la possibilité d’une énonciation radicalement nouvelle. Dans l’intervalle qui sépare les corps figurants des corps capables d’énonciation, les vies dénudées des vies qualifiées prise dans des logiques utilitaristes, se dessine une dialectique qui interroge la chair comme puissance fondamentale de l’image, seule à même de faire se fissurer les paysages trop lisses de la modernité.