Thèse soutenue

Comprendre l'engagement politique des femmes au Gabon

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Auteur / Autrice : Noella Maryse Bella M'ba
Direction : Christine Castelain-Meunier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 18/12/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Nacira Guénif Souilamas
Examinateurs / Examinatrices : Nacira Guénif Souilamas, Pierre Bouvier, Sabine Chalvon-Demersay, Augustin Emane, Éric Macé

Résumé

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Née d’un questionnement initial sur la thématique de la démocratie gabonaise, cette recherche a évolué, non pour s’en détacher, mais pour en analyser un des aspects fondamentaux souvent mis de côté : celui de l’égalité dans la représentativité des genres. Au Gabon, depuis la Conférence Nationale qui instaure la démocratie dans les années 1990, la présence des femmes au sein des Gouvernements et dans les grandes Institutions de la République est ininterrompue. Auparavant, les groupes exclusivement féminins ont été leur principale tribune d’expression, limitant ces dernières à une pratique périphérique au champ politique. Elles semblent désormais parfaitement intégrées à la sphère des responsabilités.Cette thèse de doctorat vient interroger l’engagement des femmes dans le contexte gabonais. Elle analyse notamment la construction des différentes identités féminines socialement déterminées, mais aussi les rapports qu’elles entretiennent entre elles, et l’image qu’elles construisent de la sphère politique. Elle s’intéresse également à l’adéquation entre les pratiques féminines et les réalités de ce champ. En somme, l’objectif principal de cette recherche est d’analyser la pérennisation des dissymétries entre les femmes et les hommes en matière de responsabilités et de représentativité.La méthode principale a consisté en des entretiens semi-directifs auprès d’une soixantaine de femmes et d’hommes élus ou simples militants, issus d’une dizaine de partis politiques de la majorité et de l’opposition, du monde associatif, mais aussi de gabonaises et de gabonais sans attache partisane et non militants, appartenant à des catégories sociales variées. De nombreux présupposés théoriques sont venus renforcer cette étude qui se situe notamment à la croisée de la reproduction des rapports de sexes, de la domination, de la théorie de la dominance sociale, mais aussi de la violence symbolique et de celle relative aux imaginaires des croyances africaines.Cette étude apporte de nombreux enseignements sur l’engagement politique des femmes au Gabon. En dépit de leur présence numérique de plus en plus importante, et du fait que le pays se soit engagé, à l’échelle continentale et mondiale, à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes et à améliorer le statut de ces dernières, leur existence en tant qu’actrices politiques demeure précaire, ce qui se lit à travers les postes qui sont les leurs et qui demeurent intrinsèquement liés aux mêmes grandes thématiques. En définitive, la sous-représentation quantitative et qualitative des femmes gabonaises en matière de responsabilités est la conséquence de nombreux facteurs, notamment la difficulté à juxtaposer leurs nombreuses identités contraignantes, le besoin de maintenir un ordre familial remis en cause par la disparition ou les modifications de la virilité sociale masculine elle-même consécutive à une présence plus importante des femmes au sommet de la hiérarchie, les pratiques féminines peu adaptées à la recherche et à la conquête du pouvoir, ainsi que l’influence importante des valeurs traditionnelles reçues en héritage. Enfin, l’organisation trimorphique de la société, c’est-à-dire sa séparation en trois univers distincts, à savoir, la sphère privée, la sphère publique et la sphère des pouvoirs, complexifie la réalité de l’engagement politique des femmes gabonaises.