Thèse soutenue

Construire l’évaluation de l’impact social dans les organisations à but non lucratif : instrumentation de gestion et dynamiques de rationalisation

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Auteur / Autrice : Julien Kleszczowski
Direction : Nathalie Raulet-Croset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 18/12/2017
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : Établissement opérateur d'inscription : École polytechnique (Palaiseau, Essonne ; 1795-....)
Laboratoire : Centre de recherche en gestion (Palaiseau, Essonne)
Jury : Président / Présidente : Amaury Grimand
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Raulet-Croset, Samuel Sponem, Florence Charue-Duboc, Nicole d' Anglejan
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Méric, Olivier Saulpic

Résumé

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Cette thèse s’intéresse à la manière dont l’évaluation de l’impact social est construite et mise en œuvre au sein des organisations non lucratives. A la croisée du contrôle de gestion et de la théorie des organisations, elle vise à contribuer à la recherche sur les organisations du tiers secteur, peu étudiées en sciences de gestion jusqu’à présent.Depuis quelques années, il existe un large consensus sur la nécessité de mesurer la valeur produite par les organisations à finalité sociale pour la société. Cette mesure doit permettre à ces organisations de rendre compte de l’accomplissement de leur mission à leurs parties prenantes et de piloter leur activité. Malgré une forte volonté de plusieurs acteurs institutionnels, aucune norme ni consensus n’a émergé à ce jour sur la façon d’évaluer l’impact social des organisations non lucratives. Par conséquent, les acteurs sont confrontés à de nombreuses questions sur le contenu et les modalités pertinentes de cette évaluation. Par ailleurs, la mise en place d’une évaluation conforme aux attentes des financeurs au détriment des attentes d’autres parties prenantes, et plus généralement l’influence de la sphère lucrative sur la façon dont l’évaluation de l’impact social est mise en œuvre, induisent des questionnements quant à sa cohérence avec la logique propre des organisations non lucratives.Ces enjeux nous ont amené à faire le choix de nous focaliser sur la construction des pratiques concrètes d’évaluation de l’impact social au sein des organisations non lucratives, et à étudier spécifiquement l’articulation entre les caractéristiques techniques et le contexte de l’évaluation de l’impact social. Pour analyser cela, nous mobilisons la notion de rationalité. La thèse s’appuie également sur les travaux académiques portant sur la mesure de la performance des organisations non lucratives d’une part et sur la littérature relative à l’instrumentation de gestion et aux dispositifs socio-matériels d’autre part.La thèse s’appuie sur une méthodologie de recherche-intervention. Le doctorant a été durant trois ans chef de projet sur l’évaluation de l’impact social au sein d’Apprentis d’Auteuil, une grande fondation dédiée à la jeunesse en difficulté. Le matériau est constitué en deux parties : un niveau organisationnel qui correspond au processus d’élaboration de la réflexion et du déploiement de l’évaluation de l’impact social pour l’organisation dans son ensemble, et un niveau projet qui est composé de cinq démarches d’évaluation de l’impact social d’entités particulières de l’organisation. Cette double observation permet une analyse de l’ensemble des dynamiques associées à l’évaluation de l’impact social au sein de l’organisation.Les résultats de la thèse sont structurés en trois parties. Premièrement, nous proposons un cadre analytique permettant de mettre en perspective l’ensemble des outils d’évaluation de l’impact social existants d’une part et les pratiques en matière d’évaluation de l’impact social d’autre part. Deuxièmement, nous montrons que la mise en œuvre de l’évaluation de l’impact social se traduit par une pluri-rationalité, combinant la rationalité instrumentale et d’autres formes de rationalité, garantissant une cohérence entre le jugement des acteurs externes, la représentation de l’entité évaluée et le processus d’évaluation en lui-même. Troisièmement, nous montrons que l’évaluation de l’impact social peut être considérée comme un mythe rationnel. Ce mythe rationnel a permis l’appropriation de l’idée sans le déploiement d’un outil d’évaluation standardisé, permettant ainsi une mise en œuvre faisant sens pour les acteurs et conforme aux spécificités de l’action non lucrative.