L'hantologie de Sartre. Sur la spectralité dans l'Être et le Néant : sur la spectralité dans l'Être et le Néant
Auteur / Autrice : | Fernanda Alt Froes Garcia |
Direction : | Renaud Barbaras, Marcos André Gleizer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 11/04/2017 |
Etablissement(s) : | Paris 1 en cotutelle avec Universidade do Estado do Rio de Janeiro |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (Paris ; 2002-....) |
Etablissement d'accueil : Universidade do Estado do Rio de Janeiro | |
Jury : | Président / Présidente : Franklin Leopoldo e Silva |
Examinateurs / Examinatrices : Renaud Barbaras, Marcos André Gleizer | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luiz Damon Santos Moutinho, Jean-Luc Amalric |
Mots clés
Résumé
Il est aujourd'hui possible d'affirmer que, depuis la publication de L'Être et le Néant, s'est imposée une interprétation dominante, fondée sur la lecture de cet ouvrage, de l'ontologie de Jean-Paul Sartre. Les traces les plus marquantes de cette lecture peuvent être attribuées au travail critique de Merleau-Ponty, dont la philosophie s'est développée en partie par affinité avec la pensée sartrienne et en partie en opposition avec elle. En fait, plutôt qu'une simple opposition, la critique merleau-pontyenne opère un questionnement approfondi des principes fondamentaux de l'ontologie sartrienne, en particulier ce qui concerne le problème du dualisme. La présente thèse met en question la lecture de Merleau-Ponty -et avec elle la vision dominante plus générale qui s'est constituée de L'Être et le Néant -, en proposant une autre lecture qui vise, non pas simplement à offrir des réponses aux apories posées par l'apparent dualisme de Sartre, mais à principalement rendre possible la reprise de cette pensée d'une manière originale. Ainsi, le passage par la critique de Merleau-Ponty a signifié non pas une défense unilatérale du texte, mais plutôt une exploration des propres ambiguïtés de Sartre par d'autres chemins, indiquant une richesse peu exploitée de sa philosophie. Il a fallu alors présenter en quoi consistent les problèmes inhérents à la division établie par Sartre entre les modes d'être du pour-soi et de l'ensoi, à partir d'un déplacement des argumentations de Merleau-Ponty, et rendre manifestes les impasses révélées à la reprise de la question du dualisme en termes d'être et de néant, subjectivité et objectivité. Notre travail a consisté à démontrer qu'il y a des éléments implicites dans le texte -ou même explicites, mais non exploités -qui permettent de dépasser les difficultés posées par le dualisme. Inspirée par certaines analyses de Jacques Derrida sur les spectres, nous appelons spectralité la couche implicite de l'œuvre qui, en surgissant, ébranle la base dualiste qui paraissait la soutenir. En faisant émerger la couche spectrale, nous révélons aussi l'omniprésence et le caractère essentiel des relations de hantise, à tel point que nous comprenons l'ontologie de Sartre comme une hantologie, pour souligner la pertinence et la prédominance de telles relations. A partir de cette perspective, il est possible de voir non seulement qu'un dualisme rigide entre pour-soi et en-soi ne rend pas compte d'une multiplicité de modes d'être dans le texte sartrien, ni non plus de l'importance des relations de hantise qui garantissent l'imbrication des régions ontologiques, parfois considérées comme incompatibles. Cette lecture démontre finalement qu'un mode de présence non intuitive des spectres ébranle la supposée "pureté" lumineuse de la conscience qui s'est établie comme paradigme du sujet sartrien, dans la mesure où la hantise démontre un type singulier d'opacité qui finalement inscrit le sujet dans le monde et obscurcit sa relation à soi.