Thèse soutenue

Descartes et le christianisme : une philosophie en accord avec la foi ?

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Auteur / Autrice : Aurélien Chukurian
Direction : Saverio AnsaldiFrançois Dermange
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 22/02/2017
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Université de Genève. Faculté de théologie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...)
Laboratoire : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....)
Jury : Président / Présidente : Ghislain Waterlot
Examinateurs / Examinatrices : Saverio Ansaldi, François Dermange, Ghislain Waterlot, Christian Leduc, Delphine Antoine-Mahut, Pierre-François Moreau
Rapporteurs / Rapporteuses : Chantal Jaquet, Christian Leduc

Résumé

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La thèse s’attache à mettre au jour la manière dont Descartes envisage le rapport de sa philosophie avec le christianisme, en montrant que l’articulation cartésienne de la raison et de la foi trouve son sens dans une séparation non contradictoire qui aboutit à un accord. Descartes apparaît soucieux d’instaurer des principes philosophiques novateurs qui, tout en prenant le contre-pied de ceux d’Aristote promulgués par la scolastique, s’accordent avec le christianisme.La thèse retient deux champs d’investigation pour étudier le sens d’un tel accord et le rapport au christianisme qu’il implique. D’une part, la théorie eucharistique cartésienne : Descartes élabore, à l’aune de ses propres principes physiques, deux explications du sacrement central de la foi chrétienne. Supplantant le modèle scolastique basé sur les principes aristotélico-thomistes, les explications sont destinées à se conformer aux décrets du Magistère (le concile de Trente), tout en protégeant le dogme catholique des attaques protestantes, en lui apportant un gain de rationalité. D’autre part, la morale cartésienne, tenue généralement pour absente du corpus cartésien : la thèse s’emploie à la reconstruire, par le prisme de la Correspondance et des Passions de l’âme. Nommée une « morale du contentement », de par la recherche philosophique de la vie heureuse ici-bas, la morale cartésienne se partage en deux axes : le souverain bien, résidant dans le bon usage du libre arbitre par lequel l’homme porte l’image et la ressemblance de Dieu, et la maîtrise des passions, dont la clef de voûte réside dans la passion-vertu de la générosité. Or, la morale manifeste, à un autre niveau que l’eucharistie, un effort d’articulation avec le christianisme qui se cristallise notamment dans plusieurs points forts, analysés par la thèse : la conception cartésienne de la providence, dans sa dimension générale et particulière, qui engage la soumission libre et joyeuse du sujet, illustrant une expérience proprement religieuse ; l’étendue de l’univers qui révoque l’anthropocentrisme tout en célébrant la gloire de Dieu ; l’immortalité de l’âme, ouvrant vers une autre vie, tout en étant dirigée vers la valorisation de la vie ici-bas ; l’image de Dieu qui rayonne dans le bon usage du libre arbitre, seule source d’une juste estime de soi ; la passion vertu de la générosité qui, incitant à préférer les autres à soi dans un amour d’amitié, peut tenir lieu de transposition philosophique de la charité chrétienne.Ainsi eucharistie et morale traduisent-elles deux grandes significations de l’accord, reflétant deux modalités d’articulation entre la philosophie cartésienne et le christianisme : d’un côté, la recherche d’une conformité au dogme ; de l’autre, la philosophie, se faisant plus ambitieuse, donne une compréhension du christianisme à partir de la manière dont elle interprète, selon ses propres présupposés, certains éléments partagés par la raison et la foi (Dieu et ses attributs, immortalité de l’âme, rapport à l’autre). A ce titre, la thèse entend renouveler les études sur la « pensée religieuse » de Descartes : le grand mérite de la pensée cartésienne est de mettre en oeuvre, sur la base d’une séparation préalable entre raison et foi, un accord qui ne se joue pas dans le même sens, tout en veillant à ne jamais outrepasser son domaine, en n’envisageant ni le salut ni la grâce, laissés à la théologie.