Thèse soutenue

Temps, soi et schizophrénie

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Auteur / Autrice : Brice Martin
Direction : Nicolas FranckAnne Giersch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 28/11/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Institut de sciences cognitives Marc Jeannerod (Lyon ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Jennifer Theresa Coull
Examinateurs / Examinatrices : Virginie Van Wassenhove
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Pachoud, Chlöé Farrer

Résumé

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Les troubles de la temporalité dans la schizophrénie ont fait l’objet de nombreuses descriptions cliniques, notamment de la part de la phénoménologie psychiatrique. Cette dernière considère le temps comme un contenant plus qu’un contenu de la perception c'est-à-dire un processus constitutif essentiel de l’expérience subjective : la conscience est en effet structurée dans le temps. Dans le modèle de Husserl, le temps, assure au travers de processus automatiques de rétention, de présentation et de protention une mise en forme stable et continue de l’expérience. En témoigne l’image de la perception d’une mélodie où chaque note perçue est, au moment même de sa perception, reliée et perçue avec la note précédente qui n’existe plus (rétention) et fait l’objet d’une anticipation vers la note à venir qui n’existe pas encore (protention). Ces processus automatiques déterminent dans ce modèle la capacité du sujet à nouer un sentiment de familiarité avec sa propre expérience, qu’il perçoit comme stable et continue.L’un des modèles phénoménologiques des troubles schizophréniques postule un vacillement des processus assurant la structuration temporelle de la conscience, qui induit par conséquent le vacillement de l’expérience subjective à son niveau le plus basique et détermine un vécu d’étrangeté du sujet à l’égard de sa propre expérience. Ces approches descriptives trouvent cependant leurs limites dans la mesure où la description des processus de temporalisation d’autrui s’avère difficile d’accès par une méthode introspective. Approcher les processus de temporalisation par les sciences cognitives pourrait permettre de dépasser ces limites. Les travaux récents sur l’altération des jugements de simultanéité (qui ne semble cependant pas signer une fusion des évènements à un niveau implicite et automatique) et des processus élémentaires d’anticipation temporelle (évalués cependant à l’échelle de la milliseconde) dans les troubles schizophréniques ainsi que les liens qu’il est possible d’entrevoir avec la théorie du codage prédictif de l’information fournissent un premier ensemble de données très encourageant sur le chemin d’une compréhension cognitiviste du temps schizophrénique. L’objectif de notre travail a consisté à valider d’une part l’hypothèse d’une dissociation des capacités conscientes et automatiques de discrimination des événements dans le temps, en utilisant les paradigmes qui explorent les contraintes temporelles de l’intégration multisensorielle...