Thèse soutenue

Des Militants aux Professionnels de la Culture : les représentations de l'identité kanak en Nouvelle-Calédonie (1975-2015)

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Auteur / Autrice : Caroline Graille
Direction : Alain Babadzan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance le 12/12/2015
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d´études et de recherches en sociologie et en ethnologie de Montpellier, EA 4584 (Montpellier) - Laboratoire d´études et de recherches en sociologie et en ethnologie de Montpellier, EA 4584 (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Rognon
Examinateurs / Examinatrices : Éric Soriano, Marc Kurt Tabani
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Monnerie

Résumé

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Symbole de la « renaissance culturelle kanak », le festival d’arts mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, Mélanésia 2000, vient de fêter en 2015 son quarantième anniversaire. Cette manifestation a vraisemblablement constitué le ferment culturaliste de la revendication nationaliste qui, dans les années 1980, parvint à ériger la coutume en symbole unificateur du peuple kanak, contre le statu quo colonial. Engagée depuis plus de deux décennies dans un processus de décolonisation – dont l’issue politique et institutionnelle demeure incertaine –, la Nouvelle-Calédonie connaît les effets d’une politique de rééquilibrage au profit du peuple autochtone, notamment sous la forme d’une valorisation sans précédent de l’identité culturelle kanak, d’une sauvegarde des patrimoines traditionnels matériel et immatériel, et d’une action soutenue en faveur du développement culturel et de la création artistique à dimension océanienne.Il convient de retracer la genèse de cette « renaissance identitaire », à la lumière des débats épistémologiques qui ont agité l’anthropologie océaniste de l’époque, notamment autour des questions de la (ré)invention des traditions, et de leur utilisation à des fins de conscientisation identitaire et de mobilisation politique. Plus encore, le travail des sciences sociales – et de l’anthropologie en particulier – permet d’inscrire dans une perspective historique le processus, toujours en cours, d’édification des cultures en tant qu’identités collectives objectivées, données à voir, et sanctifiées (ou non) par une reconnaissance officielle et une inscription à l’intérieur de l’espace public. Avec l’émergence d’un nouveau champ social, qui prend en charge cette « gestion du symbolique » (Dubois, 1999), une recherche ethnographique menée auprès des acteurs sociaux permet de montrer en quoi les représentations de l’identité kanak, qui furent longtemps l’apanage de militants autochtones et d’intellectuels engagés, incombent désormais à une catégorie constituée de professionnels de la culture, de l’art, et du patrimoine.Au final, cette étude largement rétrospective entend contribuer à une compréhension à la fois épistémologique et sociologique du changement social et culturel en Nouvelle-Calédonie, depuis la conversion d’une crispation identitaire nationaliste (1975-1988) jusqu’au projet multiculturel d’une « communauté de destin » induit par la mise en œuvre de l’accord de Nouméa (1998-2018).