Discrimination à longue distance des signatures vocales individuelles chez un oiseau chanteur : des contraintes de propagation au substrat neuronal
Auteur / Autrice : | Solveig Mouterde |
Direction : | Nicolas Mathevon, Frédéric Theunissen |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie et physiologie animale |
Date : | Soutenance le 24/06/2014 |
Etablissement(s) : | Saint-Etienne |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences Ingénierie Santé (Saint-Etienne) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Ecologie et Neuro-Ethologie Sensorielles |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Aubin |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Mathevon, Frédéric Theunissen, Manfred Gahr, Ole N. Larsen, Isabelle George, Clémentine Vignal |
Mots clés
Résumé
L'un des plus grands défis posés par la communication est que l'information codée par l'émetteur est toujours modifiée avant d'atteindre le récepteur, et que celui-ci doit traiter cette information altérée afin de recouvrer le message. Ceci est particulièrement vrai pour la communication acoustique, où la transmission du son dans l'environnement est une source majeure de dégradation du signal, ce qui diminue l'intensité du signal relatif au bruit. La question de savoir comment les animaux transmettent l'information malgré ces conditions contraignantes a été l'objet de nombreuses études, portant soit sur l'émetteur soit sur le récepteur. Cependant, une recherche plus intégrée sur l'analyse de scènes auditives est nécessaire pour aborder cette tâche dans toute sa complexité. Le but de ma recherche était d'utiliser une approche transversale afin d'étudier comment les oiseaux s'adaptent aux contraintes de la communication à longue distance, en examinant le codage de l'information au niveau de l'émetteur, les dégradations du signal acoustiques dues à la propagation, et la discrimination de cette information dégradée par le récepteur, au niveau comportemental comme au niveau neuronal. J'ai basé mon travail sur l'idée de prendre en compte les problèmes réellement rencontrés par les animaux dans leur environnement naturel, et d'utiliser des stimuli reflétant la pertinence biologique des problèmes posés à ces animaux. J'ai choisi de me focaliser sur l'information d'identité individuelle contenue dans le cri de distance des diamants mandarins (Taeniopygia guttata) et d'examiner comment la signature vocale individuelle est codée, dégradée, puis discriminée et décodée, depuis l'émetteur jusqu'au récepteur. Cette étude montre que la signature individuelle des diamants mandarins est très résistante à la propagation, et que les paramètres acoustiques les plus individualisés varient selon la distance considérée. En testant des femelles dans les expériences de conditionnement opérant, j'ai pu montrer que celles-ci sont expertes pour discriminer entre les signature vocales dégradées de deux mâles, et qu'elles peuvent s'améliorer en s'entraînant. Enfin, j'ai montré que cette capacité de discrimination impressionnante existe aussi au niveau neuronal : nous avons montré l'existence d'une population de neurones pouvant discriminer des voix individuelles à différent degrés de dégradation, sans entrainement préalable. Ce niveau de traitement évolué, dans le cortex auditif primaire, ouvre la voie à de nouvelles recherches, à l'interface entre le traitement neuronal de l'information et le comportement