Thèse soutenue

Le gueux colérique et le corps malade : pour une anthropologie picaresque (1599-1605)

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Auteur / Autrice : Gaëlle Grasset
Direction : Philippe Meunier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes iberiques et mediterraneennes
Date : Soutenance le 06/06/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues et cultures européennes (Bron, Rhône-Alpes)
Jury : Président / Présidente : Anne Cayuela
Examinateurs / Examinatrices : Pedro Ruiz Pérez, Fernando Cabo Aseguinolaza
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Orobitg

Résumé

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Cette étude cherche à mettre en lumière un moment décisif dans l’élaboration du genre picaresque espagnol, à travers l’écriture du corps malade et la réflexion anthropologique sur le modèle masculin du gueux colérique. Notre corpus se compose de cinq textes : les deux parties de Guzmán de Alfarache de Mateo Alemán, la suite apocryphe de Mateo Luján de Sayavedra, El Guitón Onofre de Gregorio González et El Buscón de Francisco de Quevedo. Il s’agira de montrer la nouveauté du regard alémanien sur le corps : le gueux de l’autobiographie fictive évoque de nombreuses pathologies spécifiques dans une double dimension descriptive et introspective, littérale et morale. L’écriture médicale fait des émules et les auteurs suivants, quoiqu’ils s’inscrivent en rupture avec la dimension morale de la démonstration alémanienne, s’évertuent à reproduire l’imaginaire médical construit autour de l’anthropologie masculine du colérique. La cohérence de ce système fondé sur la pensée humorale et la notion de microcosme, s’organise autour d’une représentation plus complexe de l’homme dans l’univers : par son tempérament, l’homme subit physiologiquement et psychologiquement des influences astrales et cosmiques. Francisco de Quevedo qui annule toute dimension psychologique dans son récit, remet en question le fondement de l’écriture nosologique à laquelle il adhère par ailleurs. Nous avançons l’idée que l’adhésion à l’imaginaire médical alémanien est paradoxalement le moyen par lequel les auteurs de récits picaresques de première génération font imploser le modèle de l’écriture morale de leur prédécesseur, condamnant le reste de la production à évoluer vers une littérature de divertissement.