Thèse soutenue

Intériorités/Sensations/Consciences : sociologie des expérimentations somatiques du Contact Improvisation et du Body-Mind Centering

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Auteur / Autrice : Jérémy Damian
Direction : Florent GaudezVinciane Despret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 08/04/2014
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie de Grenoble (2010?-2014)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Stengers
Examinateurs / Examinatrices : Vinciane Despret, Isabelle Ginot
Rapporteurs / Rapporteuses : Antoine Hennion, Michael Houseman

Mots clés

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Résumé

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Je considère deux pratiques « somatiques » nées dans le même contexte culturel des années 70 aux États-Unis, l'une héritière de la postmodern dance — le Contact Improvisation —, l'autre s'inscrivant dans le champ émergeant de l'Éducation Somatique — le Body-Mind Centering. Je m'intéresse à elles en tant qu'elles expérimentent des discours, des pratiques et des savoirs sur les rapports entre le corps et l'esprit, ou encore la « conscience corporelle ». À la croisée de l'anthropologie somatique et de la sociologie des sciences, l'enquête porte sur des expériences qui questionnent l'évidence de notre conception « moderne » de l'« intériorité », réduite à sa part mentale, et qui contestent le partage selon lequel tout ce qui se manifeste « à la surface » du corps est une affaire publique tandis que tout ce qui s'y passe « en profondeur » est une affaire privée. Elle suit des praticiens qui font de leur « intériorité » un lieu de pratique et d'apprentissage, presque un lieu d'intervention publique, en construisant des sensations à la fois intérieures et publiques Ces pratiques instaurent la possibilité de se rendre sensible à des « entités intérieures » (internal material) qui comptent comme autant de ressources pour danser, improviser, composer et, plus largement, sentir, se relier et connaître. Cette recherche documente ce travail de « mise en culture des sens intérieurs » (Luhrmann) par lequel d'autres « versions » (Despret) de l'« intériorité », de la « sensation » et de la « conscience » se mettent à exister, à compter et à guider ceux qui apprennent à les cultiver. Au final, cette thèse ne fait rien de plus que de poser la question « qui danse ? », en s'obligeant toutefois à donner suffisamment d'épaisseur spéculative à cette interrogation pour que l'enquête puisse témoigner du nombre et de la variété de ceux que la réponse requiert et engage.