Thèse soutenue

Les réseaux sociothechniques dans la formation des portails des Universités de Grenoble (1998-2008)

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Auteur / Autrice : Pascal Clouaire
Direction : Bernard Miège
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'infomation et de la communication
Date : Soutenance le 16/12/2013
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche sur les enjeux de la communication (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Pierre Moeglin
Examinateurs / Examinatrices : Adrian Staii, Roxana Ologeanu, Olivier Ihl
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Paquienséguy

Résumé

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L'objet de cette thèse est d'analyser l'émergence d'un objet technique, un portail numérique de produits de formation, en identifiant tous les actants qu'un tel projet a mobilisés et en tentant de saisir la logique de leurs interactions pour en dégager les différentes configurations sociotechniques qui se succèdent, les lois ou les régularités qui les rendent représentatives d'un processus d'innovation technique. À partir d'une enquête de terrain fortement inspirée d'une démarche ethnographique, cette recherche dresse l'inventaire de douze portails numériques qui se sont succédés entre 1998 et 2008 dans les Universités de Grenoble et décrit dans le même mouvement les acteurs, leurs positions (convergentes ou contradictoires), les différents points de vue en présence et les enjeux politiques, techniques, économiques, etc.Empruntant le concept d'objet-frontière pour englober cet ensemble d'environnements numériques successifs et communs à un territoire universitaire, l'étude donne une importance aux objets dans l'action et offre une méthode de compréhension des points d'association et de rupture entre les différents actants mobilisés. L'objectif est de modéliser les interactions qui s'établissent à chaque nouveau « prototype » de portail et qui traduisent des chaînes d'associations (techniques, économiques, politiques et d'utilisation) faisant apparaître différents réseaux.En référence à la théorie de l'acteur-réseau, l'analyse des processus de fabrication des portails consiste à identifier les mécanismes à l'œuvre dans les mouvements générateurs de ces réseaux. Cette sociologie conduit à porter un regard particulier sur le portail, considéré comme la résultante d'une combinaison d'associations entre des actants humains et non-humains. Le portail est alors une mise en forme des relations d'entités hétérogènes sociales et techniques. Pour comprendre ces mécanismes de construction, d'ajustement ou de stabilisation des liens entre les entités du réseau, la démarche consiste, dans un premier temps, en partant de l'historique des douze portails, à transposer l'ensemble des données observées dans un espace topographique (schémas, tableaux) et d'y faire figurer les relations qui se nouent entre les différents actants par la médiation de l'objet technique.Cette mise en scène des douze réseaux, à partir de l'objet technique en tant que point de repère des transformations successives de l'objet-frontière, permet dans un second temps de réaliser une analyse de la structure des réseaux, c'est-à-dire de l'ensemble des données et des agencements entre ces données qui structurent un espace. L'analyse consiste alors à interpréter la structure obtenue pour rendre compte des agencements particuliers. Pour chacun des douze portails, cette recherche met en lumière des structures particulières de réseaux et des propriétés spécifiques de constitution, de déformation et de disparition auxquelles sont soumis ces collectifs hybrides. Le rapprochement itératif et méthodique entre ces structures permet de les classer en trois ensembles distincts : les réseaux autocentrés, les réseaux coopératifs et les réseaux ouverts. Ces derniers révèlent des propriétés spécifiques, notamment : - que la compétition symbolique ou économique est une force structurante du réseau ; – que l'objet technique est un composant dont la plasticité dépend davantage de la structure du réseau que de ses caractéristiques techniques ; – que le potentiel d'action d'une entité (c'est-à-dire sa capacité à créer de la différence au sein du réseau) est lié à sa capacité à établir des associations. L'ensemble de ces propriétés traduit des processus d'innovation qui amènent à questionner le modèle de l'innovation de P. Flichy quant à la distinction des deux cadres dans l'objet-frontière et le modèle de la traduction quant à son principe de symétrie.