Thèse soutenue

Les enjeux républicains des mutations curriculaires : "l'enseignement du fait religieux" en histoire au lycée

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Auteur / Autrice : Cécile Arnaudo
Direction : Nicole Ramognino
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 10/05/2011
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire méditerranéen de sociologie (MMSH, Aix-en-Provence ; 1996-2020)
Jury : Président / Présidente : Mohamed Tozy
Examinateurs / Examinatrices : Nicole Ramognino, Mohamed Tozy, Anne Raymonde de Beaudrap, Franck Frégosi
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Raymonde de Beaudrap

Résumé

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L’étude « des faits religieux » a longtemps été objet de débats en France mais depuis le début des années 2000, on rappelle qu’elle doit être enseignée quels que soient les cycles ou filières de l’Ecole de la République. La thèse analyse dans quelle mesure cette étude peut effectivement être un élément pertinent du processus social scolaire et ce, tout particulièrement en Histoire au Lycée. Elle part de l’hypothèse principale que des changements sont en jeu dans le processus de scolarisation « des faits religieux » et que ceux qui ont l’autorité éducative sont dans la condition de réinterpréter les religions en mêlant à leurs histoires, les enjeux et les objectifs d’apprentissage de la République et son projet d’intégration politique. Si cette perspective est heuristique, cela signifierait que « l’enseignement du fait religieux » se construit à chaque fois dans des conditions idéologiques, politiques ou géographiques particulières ; qu’il consisterait à produire de l’historicité par la construction d’une intelligibilité du monde social et par là même, par son influence sur les compréhensions « personnelles ».Ces hypothèses conduisent à un choix particulier de données sociales pertinentes à la fois pour les construire de manière plus précise et pour en tester la cohérence et la légitimité. Ainsi, pour couvrir ce que Basil Bernstein appelait le « Discours Pédagogique Officiel », nous avons d’abord sélectionné comme donnée le rapport de Régis Debray intitulé « l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque », et dont l’ambition est le pilotage au plan national des formations pour les enseignants ou les élèves. Puis, nous avons recueilli les curricula formels, tous les programmes d’Histoire prescripteurs d’objectifs ou de manières de faire pour des publics-cibles d’élèves concernés. Ensuite, nous avons recueilli auprès d’autres sources d’information des éléments, sources descendant et se rapprochant des curricula réels (ceux s’élaborant en classe d’Histoire) et respectivement : rapports d’inspection pédagogiques, manuels, mémoires professionnels et entretiens auprès de professeurs de lycées généraux, technologiques et professionnels de l’académie d’Aix-Marseille. Aussi, nous avons voulu comparer cet ensemble d’informations avec celles émanant des acteurs gravitant au plus près des pratiques enseignantes et intervenant auprès d’eux par des cours, colloques, publications, articles ou encore émissions télévisées et radiophoniques. Dans cette comparaison nous nous sommes demandé en quel sens les professeurs ont l’autorité dernière de la mise en œuvre des curricula « réels » ? Quelles réponses ces derniers fournissent-ils aux injonctions tant politiques que sociales d’« enseigner le fait religieux » ? Comment et avec quelle distance reconfigurent-ils les cadrages leur étant soumis ? En résumé, si « l’enseignement du fait religieux » est sous-tendu par des conceptions politiques et sociales de l’Histoire scolaire et également, par un modèle d’individu à former, la question est de savoir : quels sont les outils pédagogiques ? Comment ces outils deviennent-ils des ressources réappropriées par les enseignants pour réaliser leur pratique pédagogique ? Et finalement, nous nous sommes demandé en quel sens une nouvelle professionnalisation du métier d’enseignant serait visée avec cet enseignement ?