Thèse soutenue

Agriculture dans le bassin du Rhône du Bronze final à l’Antiquité : agrobiodiversité, économie, cultures

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Auteur / Autrice : Laurent Bouby
Direction : Jean Guilaine
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La période qui s’étend du Bronze final à la fin de l’Antiquité (env. 1400 BC – 476 AD) voit s’opérer dans le bassin du Rhône d’importantes mutations d’ordre économique, politique et culturel, dont les plus saillantes sont l’émergence des contacts méditerranéens à l’âge du Fer, avec au premier rang l’implantation phocéenne, puis la colonisation romaine. L’analyse des graines et fruits archéologiques (carpologie) est employée comme moyen d’appréhender directement la dynamique des plantes économiques et de l’agriculture au regard de ces évolutions. Ce travail se fonde sur la synthèse de l’ensemble des données carpologiques disponibles, soit 104 sites (environ 875 assemblages), dont 44 analyses originales. Cette synthèse privilégie la diversité des sources et fait appel à une approche multi-scalaire consistant à sérier et à analyser quantitativement l’information en distinguant : modes de conservation, niveau du site/de l’assemblage, types d’assemblages, plantes économiques/adventices. Une analyse morphométrique est conduite sur les pépins de vigne, espèce modèle choisie pour son statut agricole, culturel et économique particulier. Nous développons un référentiel actuel de 15 stations naturelles de vigne sauvage, sept lambrusques cultivées en collections et 84 cépages. À l’intérieur de notre corpus, la dynamique des plantes économiques et des adventices est avant tout structurée par le temps. Le modèle agricole du Bronze final fait une grande place à la diversité, avec l’exploitation de l’orge vêtue, des blés vêtus, des millets, des oléagineux, des légumineuses et de nombreux fruits indigènes. Celui-ci est largement promu par les influences culturelles nord-alpines. Il s’imposera surtout au Fer I en région méditerranéenne. Mais déjà vers la fin de cette période s’amorce en Méditerranée une dynamique qui aboutira à l’agriculture du Haut-Empire, spécialisée sur le blé nu, l’orge et la vigne. À partir de la fin du VIe s. BC, l’amidonnier recule au profit du blé nu, plus facile à stocker et à transporter en volumes restreints. La viticulture connaît alors un essor rapide dans le triangle bas-rhodanien qui correspond à l’émergence du morphotype domestique. Cette viticulture indigène est tournée vers le vin et semble essentiellement à vocation domestique. Des types cultivés peu différenciés de la vigne sauvage restent exploités jusqu’à la fin de l’Antiquité, conjointement et aux mêmes fins que le type domestique. L’agriculture du Bronze final est déjà de type permanent mais assez intensif, avec culture de petites parcelles et apport de fertilisants en liaison avec l’élevage. Dès le Fer II se produit une extensification agricole, encore renforcée à l’époque romaine : la surface cultivée s’étend et l’investissement relatif en travail et fumure diminue. La moisson basse à la faucille se généralise. Le tout semble lié au développement de la traction animale pour le labour et le transport. L’influx méditerranéen joue un rôle dans les changements qui se produisent à partir du VIe siècle mais les Phocéens ne sont pas les simples vecteurs d’un modèle agricole importé. Nombre des évolutions du Fer II toucheront en même temps massaliètes et indigènes dans une interrelation dont il est difficile de dégager les déterminants.