Intérêt de l'apport de levures sur la susceptibilité à l'acidose et le comportement alimentaire du ruminant (application à la chèvre laitière)
Auteur / Autrice : | Marion Desnoyers |
Direction : | Daniel Sauvant, Christine Duvaux-Ponter, Sylvie Giger-Reverdin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences animales |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Institut national agronomique Paris-Grignon (1971-2006) |
Mots clés
Résumé
L’acidose sub-clinique est relativement difficile à diagnostiquer et à prévenir en élevage, car elle est principalement caractérisée par une instabilité des fermentations ruminales et des paramètres zootechniques. Une méta-analyse, réalisée sur 110 publications, a montré que les levures pouvaient réguler les fermentations ruminales, en particulier pour les animaux à fort niveau d’ingestion et recevant un régime riche en concentré. La distribution d’un régime riche en concentré a entraîné une situation d’acidose subclinique (pH < 6,25) entrecoupée par des crises spontanées d’acidose, plus ou moins nombreuses selon les individus, et pouvant influencer la production pendant plusieurs semaines. Les mesures quotidiennes d’ingestion, de production et de pH ruminal ont permis de modéliser la dynamique d’évolution de ces trois paramètres pendant les crises d’acidose, ce qui constitue une première approche vers un modèle plus mécaniste de l’acidose. De nombreuses mises au point méthodologiques ont été effectuées afin de mesurer simultanément l’ingestion, le pH ruminal et la mastication en continu (pas de temps de l’ordre de la minute) pendant plusieurs semaines. Ces mesures ont permis de présenter une nouvelle méthode d’analyse de l’ingestion par segmentation / classification et de déterminer des types de comportements alimentaires différents, indépendants du régime distribué et plus ou moins stables selon les individus, les crises d’acidose étant caractérisées par un manque d’appétit et une désorganisation de l’ingestion et de la rumination. Ces types de comportements sont associés, pour des quantités ingérées similaires, à des cinétiques de pH très différentes. Cependant, aucune relation n’a été mise en évidence entre le type de comportement alimentaire individuel, et la susceptibilité individuelle des animaux à l’acidose. La prise en compte des épisodes d’acidose dans les analyses a permis d’éviter les confusions d’effets. L’apport de levures a augmenté la production laitière, sans modifier la matière sèche ingérée, la production de matière grasse ou de protéines du lait. Ceci pourrait résulter de l’augmentation de la proportion de concentré ingérée par les animaux supplémentés, suite à un tri en faveur d’une ration moins fibreuse que celle ingérée par les témoins. La supplémentation a également eu tendance à augmenter la biodiversité de l’écosystème ruminal, ce qui pourrait expliquer que la diminution du pourcentage de fibres ingérées n’a pas induit de baisse du pH ruminal. Cette étude a montré que les crises d’acidose spontanées ont eu des conséquences importantes sur tous les paramètres étudiés, et souligne l’intérêt de la prise en compte du comportement alimentaire pour mieux comprendre les phénomènes digestifs et métaboliques.