Thèse soutenue

Loger les étrangers "isolés" en France : socio-histoire d'une institution d'État : la Sonacotra (1956-2006)

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Auteur / Autrice : Choukri Hmed
Direction : Michel Offerlé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'analyse socio-historique des conditions d'émergence et de consolidation de la politique de logement social à destination des Français musulmans d'Algérie puis des étrangers vivant en «isolés» en France dans la deuxième moitié du XXe siècle met en évidence un processus d'institutionnalisation. En croisant un matériau empirique hétérogène (archives publiques et privées, entretiens et observation) qui couvre l'ensemble de la période, cette recherche entend rendre compte de la «problématisation» du logement des migrants «isolés» en foyers par les agents de l'État. En jetant un regard nouveau sur la naissance de la Sonacotra au cœur de la guerre d'Algérie, elle montre d'une part comment cette problématisation contribue à faire exister durablement les foyers comme des lieux appropriés non seulement au contrôle des résidants mais également à leur éducation et à leur socialisation aux normes de la société française. À ce propos, on souligne le rôle central joué par les catholiques sociaux dans ce processus. Le logement en foyers tend parallèlement à se doter d'un fort degré d'objectivation au cours des années 1960, à la faveur de la standardisation de ses formes architecturales et de la bureaucratisation de l'entreprise mais aussi de l'homogénéisation de ses modes spécifiques de gestion - le «paternalisme autoritaire» -, hérités en partie de l'ère coloniale. L'analyse met d'autre part en évidence les tentatives de re-problématisation du logement social par les résidants des foyers dans les années 1970, à l'occasion d'un mouvement social d'envergure (la "grève des loyers") que l'on a interprété comme une «mobilisation institutionnelle improbable». L'examen du processus de mobilisation et des trajectoires militantes montre notamment la dépendance des modes d'action et des ressources constituées pour la lutte à l'égard du « travail» de l'institution elle-même. En prolongeant l'investigation jusqu'à la période contemporaine, on s'intéresse ainsi plus largement aux modalités d'incorporation de dispositions spécifiques à l'espace du foyer et aux formes de survivance de la réalité institutionnelle à travers le temps.