Thèse soutenue

Claudel et la peinture, "cette muse silencieuse et immobile. . . " : des prestiges du baroque à l'intimité spirituelle hollandaise

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Auteur / Autrice : Emmanuelle Kaës
Direction : Michel Autrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1992
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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"De la peinture symboliste à la peinture cubiste, la critique claudélienne de la peinture moderne est constante. Le XIXe pictural fait paradoxalement l'objet d'une constante synthèse qui amalgame tous les courants esthétiques du siècle, de " symbolarde" à l'académisme pompier. Les préférences claudéliennes au XXe siècle vont à des peintres "classiques" (Sert Waroquier, Charlot) aujourd'hui quelque peu oubliés ; le répertoire ancien est utilisé par Claudel comme norme du discours la modernité picturale, envisagée comme pratique sacrilège. En réaction à cet art contemporain, Claudel compose l'essentiel son musée à partir des "maitres d'autrefois". Il s'agit de mesurer, dans cette interrogation de l'héritage pictural, que enjeux, dans le présent de son écriture, de cette exploration des œuvres passées. Le Soulier trouve sa place en préambule travail en ce qu'il est, d'abord, interrogation de l'héritage pictural du siècle d'or, et en ce qu'il offre, ensuite, une préfiguration des principaux enjeux de la critique d'art claudélienne. Il en préfigure les deux orientations thématiques réflexion enthousiaste sur la catholicité baroque, et celle, méditative, qui s'épanouira avec l'"introduction à la peinture hollandaise". Posé par Claudel comme frère isolé, dans une modernité sacrilège, des "maitres du baroque", le peintre J. M. Sert, a fait prendre corps à la réflexion claudélienne sur le baroque pictural, approché selon deux axes, un baroque dynamique, celui de l'effet dramatique et de l'emphase gestuelle qu'il met paradoxalement à jour à partir des œuvres qu'il n'apprécie guère, Greco, et un baroque eucharistique (Rubens et Titien) et qui se concentre sur le corps féminin. Substituant à l'appropriation visuelle du tableau la mise en écoute que le contemplateur rentre en lui-même et découvre "l'habitacle secret" d'anima, qui trouve dans la peinture hollandaise sa représentation plastique. La réflexion sur la p seulement prend place dans ce retour méditatif, mais les tableaux interprétés par Claudel le représentent dans une sorte d'autoréflexion : le poète intègre à ses commentaires picturaux une mise en abyme de sa propre expérience de contemplation dans toutes ses composantes, "externes", vieillesse, méditation biblique, mais aussi internes, la peinture comme représentation allégorique du "personnel" de nos facultés (imagination, volonté, mémoire) ou de "la pensée en plein travail". "