Depuis le milieu des années 90, le recours par les intervenants sociaux à des projets de réinsertion incluant des activités artistiques et/ou culturelles (théâtre, danse, activités de plein air, socio-esthétique ... ) a pris une place importante dans leurs pratiques. En effet, ils se saisissent de ces biais « ludiques » et créatifs auprès de bénéficiaires en difficulté ou encore en situation d'exclusion sociale ou de vulnérabilité, comme un potentiel levier d'émancipation qui leur permettraient de changer leur situation. L'ensemble de ces projets ont pour point commun de se baser sur une mobilisation active et engagée du corps du bénéficiaire. Dans cette recherche, nous chercherons à comprendre les raisons qui amènent les intervenants sociaux à d'une part, attribuer au corps des effets vertueux et nécessairement positifs et bénéfiques pour la réinsertion des bénéficiaires et d'autre part, à s'en saisir ipso facto, comme d'un nouvel outil d'accompagnement social. Puis, nous tenterons d'analyser plus précisément les caractéristiques et les principes de ces projets de remobilisation corporelle et ce qu'ils sont susceptibles d'induire ou non en termes d'émergence à la relation. Et ce, sur un double niveau, à savoir entre les intervenants sociaux et les bénéficiaires puis entre les bénéficiaires eux-mêmes. Toute l'originalité de cette recherche reposera sur une démonstration visant à démontrer que le postulat de départ des intervenants sociaux, basée sur une émergence du bénéficiaire au lien social ( et à l'altérité) grâce à la mise en mouvement de son corps, peut aussi être nuancé. En effet, nous montrerons que le cadre disciplinaire initial de ce projet par corps va être le théâtre de détournements et d'ajustements de la part des bénéficiaires, qui leur permettront par la suite, de se créer et de se choisir une/leur place dans leurs relations avec autrui et dans le monde qui les entoure.