Vers une analyse précise de la distribution spatiale des galaxies avec DESI : incomplétude observationnelle et fonctions à deux points par intervalle de densité
| Auteur / Autrice : | Mathilde Pinon |
| Direction : | Etienne Burtin, Arnaud De mattia |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Science des Astroparticules et Cosmologie |
| Date : | Soutenance le 02/10/2025 |
| Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Particules, Hadrons, Énergie et Noyau : Instrumentation, Imagerie, Cosmos et Simulat |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Département de physique des particules (Gif-sur-Yvette, Essonne) |
| Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
| graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-....) | |
| Jury : | Président / Présidente : Delphine Hardin |
| Examinateurs / Examinatrices : Julian Bautista, Sylvain De la torre, Cora Uhlemann, Sophie Henrot-Versillé, Raul Angulo | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Julian Bautista, Sylvain De la torre |
Résumé
L'étude des grandes structures de l'Univers à partir des relevés de galaxies constitue un levier majeur pour tester le modèle standard de la cosmologie et affiner notre compréhension de l'énergie noire, de la matière noire, et de l'inflation primordiale. Depuis 2021, le Dark Energy Spectroscopic Instrument (DESI) sonde le ciel pour mesurer les décalages vers le rouge de près de 50 millions de galaxies et quasars, et construire la plus grande cartographie de l'Univers jamais réalisée. La première année d'observations de DESI, complétée en Juin 2022, comporte déjà les spectres de plus de 14 millions de galaxies. Cette thèse est consacrée au développement de méthodes d'analyse de la distribution spatiale des galaxies observées par des relevés spectroscopiques comme DESI.Les analyses cosmologiques actuelles s'appuient essentiellement sur les statistiques à deux points (fonction de corrélation et spectre de puissance). Obtenir des contraintes cosmologiques précises à partir d'observations de millions de galaxies nécessite une maîtrise fine des biais observationnels. DESI collecte les spectres de ses galaxies cibles à l'aide de près de 5000 fibres optiques, dont la position est ajustée à chaque exposition par des positionneurs robotiques. L'un des défis majeurs dans les données DESI est l'incomplétude due à l'assignation des fibres, chaque fibre ne pouvant être associée qu'à une seule galaxie par exposition. Cela induit une perte systématique d'observations, particulièrement marquée dans les zones à forte densité.Je propose une méthode robuste pour corriger ce biais dans les statistiques à deux points : exclure les paires de galaxies à séparation angulaire inférieure au diamètre couvert par chaque positionneur de fibre, et appliquer la même coupure dans les modèles théoriques. À l'aide de simulations réalistes de DESI, je montre que cette méthode permet de restaurer des mesures non biaisées.Au-delà des biais observationnels, les fonctions à deux points présentent une limitation fondamentale : elles capturent uniquement la covariance du champ de densité à différentes échelles. Or, si les fluctuations de densité primordiales sont quasi-Gaussiennes, l'effondrement gravitationnel induit une dynamique non-linéaire qui génère des non-Gaussianités importantes aux petites échelles, qui échappent à ces statistiques.Pour exploiter pleinement le potentiel des relevés de galaxies, je m'intéresse à une alternative aux statistiques à deux points traditionnelles : les fonctions à deux points par environnement de densité. Ces statistiques conditionnelles permettent d'analyser la distribution des galaxies en fonction de la densité locale, et ont montré dans des travaux récents leur complémentarité vis-à-vis des fonctions à deux points, permettant d'extraire davantage d'information cosmologique.Dans cette thèse, je développe un modèle théorique de ces fonctions basé sur la théorie des grandes déviations appliquée au champ de densité de matière. Je valide ce modèle par comparaison à des simulations de matière noire et de galaxies. Les prédictions sont en bon accord avec les mesures aux grandes échelles, avec une précision compatible avec l'erreur statistique de la première année de données DESI.