Thèse soutenue

Mesure et suivi des températures de surface et pergélisol des milieux arctiques par télédétection satellite

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Auteur / Autrice : Juliette Ortet
Direction : Arnaud MialonAlexandre Roy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Surfaces et interfaces continentales, Hydrologie
Date : Soutenance le 27/05/2025
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....) en cotutelle avec Université du Québec à Trois-Rivières
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études spatiales de la biosphère (Toulouse ; 2001-....)
Etablissement de délivrance conjointe : Université de Toulouse (EPE ; 2025-....)
Jury : Président / Présidente : Valérie Le Dantec
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Genet, Marion Leduc-Leballeur, Christophe Kinnard
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Pellarin, Benoît Montpettit

Résumé

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Le pergélisol, défini comme un sol gelé pendant plus de deux années successives, est un élément clé de l'environnement nordique. La couche active du pergélisol est sujette au dégel saisonnier et est très impactée par le réchauffement de l'Arctique en lien avec le changement climatique. Modifiant hydrologiquement et biogéochimiquement le milieu, le dégel du pergélisol a des conséquences tant environnementales qu'économiques. Il apparaît donc essentiel de développer des méthodes de suivi de l'état de surface du pergélisol (humidité du sol - Soil Moisture en anglais - (SM) et température du sol (Tsol)) sur la vaste étendue des régions arctiques. La télédétection satellite rend aujourd'hui possible des observations spatiales et temporelles régulières de ces régions. La mission satellitaire Soil Moisture and Ocean Salinity (SMOS) mesurent les émissions micro-ondes en bande L, liées aux propriétés physiques du sol, et permet de suivre le SM dans de nombreuses zones éco-climatiques. Pourtant, le manque de connaissance des facteurs affectant le signal (tels que la végétation de type toundra ou le manteau neigeux) limite ces mesures pour les environnements arctiques. Cette thèse a pour but de développer de nouvelles méthodes de suivi de l'humidité et la température du sol en milieu nordique à partir des Température de Brillance (TB) SMOS. Dans le premier article, les produits satellite SM existants sont évalués par rapport à des mesures in situ. Cette évaluation souligne les défis et les facteurs des régions arctiques rendant difficiles l'inversion des SM. Nous avons adapté le processus d'inversion des TB SMOS afin d'améliorer la qualité du produit SM pour de tels environnements climatiques. Nous proposons une optimisation conjointe du paramètre de surface du sol (H r = 0) et de l'albédo de simple diffusion de la végétation (ω = 0.08), ainsi que l'utilisation de deux modèles de constantes diélectriques du sol. Le signal des nombreuses étendues d'eau présentes en Arctique est pris en compte dans notre processus d'inversion. Notre modèle, ainsi adapté à l'environnement de toundra arctique, améliore l'accord entre les SM issues de SMOS et les SM in situ, mais reste fortement impacté par les étendues d'eau. Dans le second article, les Tsol sont pour la première fois inversées en hiver sous le manteau neigeux dans les milieux nordiques. L'étude propose une meilleure prise en compte de la couche de neige, quasi-transparente en bande L, et de l'interface sol/neige. Un premier modèle fait fit de la présence d'étendues d'eau et un second modèle inclut une méthode de correction pour prendre en compte l'émission des étendues d'eau gelées. Les Tsol inversées sont comparées à des Tsol in situ entre 2012 et 2020 sur 21 sites au Nord de l'Alaska. Pour des sites avec peu d'étendues d'eau, le biais est quasi nul (-0,2°C). Pour les sites avec une fraction d'eau supérieure à 20 %, le second modèle permet de réduire le biais, mais la correction fixe au cours de la saison ne permet d'augmenter la corrélation. Enfin, l'algorithme développé dans le second article a été appliqué à l'ensemble de l'arctique circumpolaire afin d'évaluer les variations spatio-temporelles des Tsol depuis 2012. Des tendances pour les Tsol et les température de l'air (Tair) sont présentées et les résultats mettent en avant les disparités géographiques du réchauffement de la couche active du pergélisol. L'impact du type de végétation sur le manteau neigeux et ses conséquences sur la Tsol sont observées sur deux sites de l'Est de l'Eurasie. Nous montrons qu'en zone de toundra arbustive, la Tsol est supérieure à celle observée en zone de toundra herbacée. Les méthodes et résultats de cette thèse dévoilent de nouvelles possibilités pour le suivi de l'état du pergélisol arctique. La télédétection micro-ondes passives en bande L apparaît comme un outil pertinent pour l'étude de l'Arctique, région des plus vulnérables, face aux changements climatiques.