L'adaptation de la croissance larvaire au microbiote et à la diète par la signalisation intestinale
| Auteur / Autrice : | Longwei Bai |
| Direction : | François Leulier |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
| Date : | Soutenance le 16/09/2025 |
| Etablissement(s) : | Lyon, École normale supérieure |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon ; 1999-....) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (Lyon ; 2007-....) |
| Jury : | Président / Présidente : Bertrand Mollereau |
| Examinateurs / Examinatrices : François Leulier, Pierre Leopold, Allison Bardin, Ditte Andersen, Cathy Ramos | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Leopold, Allison Bardin |
Mots clés
Résumé
La croissance juvénile est un trait plastique et adaptatif, particulièrement critique en cas de sous-nutrition chronique qui entraîne généralement des taux de croissance réduits et un retard de maturation. En utilisant des modèles gnotobiotiques de Drosophile et de souris, il a été démontré, chez ces deux espèces, que lors d'un stress nutritionnel la présence de souches sélectionnées de Lactiplantibacillus restauraient une croissance normale. L'intestin étant l'interface principale des interactions hôte-microbes, nous avons mené une analyse comparative du transcriptome de l'intestin larvaire en présence ou absence de Lactiplantibacillus plantarumWJL (LpWJL), souche commensale du microbiote de drosophile. Parmi les processus biologiques différentiellement régulés, la signalisation de l'Ecdysone est apparue comme une nouvelle signature médiée par LpWJL au sein de l'épithélium intestinal. Grâce à des études fonctionnelles et morphométriques, nous montrons que l'Ecdysone intestinal ne limite pas la croissance systémique larvaire, mais est requis pour l'adaptation de la croissance du tissu intestinal en présence de LpWJL. Nos résultats révèlent une contribution tissu-spécifique de l'hormone pléiotrope Ecdysone dans la croissance adaptative. Par ailleurs, nos études précédentes ont également révélé que la croissance juvénile restaurée par LpWJL favorisait l'activité systémique des peptides apparentés à l'insuline de drosophile (DILPs). Cependant, les mécanismes moléculaires et cellulaires permettant la coordination des fonctions endocrines intestinales avec la signalisation systémique de l'insuline dans ce contexte restaient mal élucidés. Ici, nous démontrons que la Limostatine (Lst) est spécifiquement localisée et produite dans un groupe discret de cellules entéroendocrines (CEE) de larves. L'expression intestinale de Lst est fortement induite chez les larves GF, alors qu'elle est maintenue à de faibles niveaux dans des conditions d'alimentation normale ou lors d'association avec LpWJL. L'utilisation de mutants Lst nul ou de knockdown spécifique de Lst dans les CEE réduit le retard de développement larvaire causé par la malnutrition. De plus, la surexpression de Lst dans les CEE réduit la croissance systémique larvaire promue par Lp en cas de malnutrition. Fait intéressant, nous montrons aussi que la détection des acides aminés par le corps gras et l'intensité de la signalisation systémique de l'insuline qui en résulte sont impliquées dans la modulation de l'expression de Lst. En effet, une signalisation de l'insuline atténuée dans les CEE induit l'expression intestinale de Lst, en lien avec l'inhibition de la croissance systémique larvaire lors de sous-nutrition. D'autre part, l'expression de Lst inhibe à son tour la libération de DILP2 par les cellules productrices d'insuline du système nerveux central larvaire, créant ainsi une boucle de rétroaction négative qui renforce l'inhibition de la croissance systémique lorsque les nutriments se raréfient. Ces découvertes permettent de définir la Lst comme une entérokine, une hormone produite au sein de l'intestin en réponse aux signaux alimentaires et microbiens pour moduler la production somatotropique. Sa production spatialement restreinte suggère un rôle unique de l'épithélium intestinal dans le renforcement des réponses endocrines systémiques en cas de stress nutritionnel.En résumé, cette thèse révèle d'une part, la modulation de la signalisation d'Ecdysone par Lp dans les entérocytes ce qui favorise la croissance du tissu intestinal larvaire, et d'autre part, met en évidence des fonctions endocrines intestinales médiées par la Lst qui permettent d'adapter la croissance larvaire aux conditions de malnutrition. Ces découvertes font ainsi progresser notre compréhension des interactions microbe-hôte pour l'adaptation développementale larvaire au stress nutritionnel.