L’ammoniac comme vecteur d’hydrogène : étude de l’optimisation de sa décomposition catalytique promue par le ruthénium et l’amidure de lithium suivant une approche mixte expérimentale et théorique
Auteur / Autrice : | Justine Dorival |
Direction : | David Loffreda |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie |
Date : | Soutenance le 10/03/2025 |
Etablissement(s) : | Lyon, École normale supérieure |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Chimie (Lyon ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de chimie. Lyon (2003-….) - Laboratoire d'innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Corinne Lacaze-Dufaure |
Examinateurs / Examinatrices : David Loffreda, Corinne Lacaze-Dufaure, Émilie Gaudry, Nicolas Bion, Sébastien Royer, Jérôme Delmas | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Émilie Gaudry, Nicolas Bion |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans le domaine de l’énergie et de l’environnement, il est devenu primordial de changer de sources d’énergie et d’accélérer une transition énergétique qui peine à progresser dans de nombreux secteurs industriels. La chaîne de production énergétique doit être repensée en étant la plus respectueuse possible de l’environnement. Le but est d’éliminer le carbone, point faible de notre économie actuelle. Parmi les solutions prometteuses, l'hydrogène apparaît comme un élément central dans la décarbonation. Il offre une alternative propre aux combustibles fossiles, en particulier pour l’industrie lourde et le secteur des transports. L’ammoniac représente une excellente option en tant que vecteur d’hydrogène, bien que ce stockage à coûts minimisés demeure un véritable défi. Son utilisation requiert une excellente connaissance des propriétés des matériaux, capables de promouvoir ces réactions catalytiques, dans des conditions de température de fonctionnement abaissée. Dans ce contexte, la thèse se propose d’étudier la synthèse, les performances et la caractérisation de matériaux mixtes à base de ruthénium, métal noble, et d’amidure de lithium, ayant des propriétés catalytiques intéressantes pour décomposer l’ammoniac et libérer l’hydrogène stocké.Au niveau expérimental, la comparaison des performances catalytiques entre les divers systèmes sélectionnés (ruthénium seul, amidure de lithium seul et les deux matériaux en contact) a montré que l’amidure de lithium a un effet promoteur sur la cinétique de la décomposition de l’ammoniac dans le cas du matériau mixte.Afin d’interpréter ce résultat, des modèles théoriques inédits ont été développés. Le premier objectif du travail théorique était d’étudier les interfaces catalytiques solide-solide entre les matériaux considérés dans le travail expérimental (ruthénium en contact avec amidure de lithium), d’un point de vue thermodynamique. Des calculs de type théorie de la fonctionnelle de la densité en condition périodique ont ainsi été menés pour modéliser ces interfaces complexes, qui étaient principalement non stœchiométriques, polaires et magnétiques. Compte tenu de la complexité des systèmes il a été nécessaires d’utiliser différentes fonctionnelles d’échange et de corrélation électronique, avec prise en compte des interactions faibles de type van der Waals.L’étude théorique a montré que le contact entre le ruthénium et l’amidure de lithium est préférentiel lorsque ce sont les plans aminyles de l’amidure qui sont adsorbés sur la surface du ruthénium. Une analyse électronique détaillée de type Bader a montré qu’il existe un transfert de charges du métal vers l’amidure de lithium.Le second objectif du volet théorique concernait l’étude mécanistique et cinétique de la décomposition de l’ammoniac aux interfaces catalytiques entre le ruthénium et l’amidure de lithium. Pour cela des modèles plus sophistiqués entre l’amidure de lithium (hydrogénation totale), l’imidure de lithium (déshydrogénation partielle), le nitrure de lithium (déshydrogénation totale) et le ruthénium ont dû être développés. Les calculs ont montré que ces interfaces multiples sont plutôt favorables par comparaison aux interfaces précédentes.La recherche de chemins réactionnels de recombinaison des atomes d’azote adsorbés en surface du ruthénium pour former la molécule de diazote a montré que le lithium du matériau nitrure n’est pas spectateur au cours de la réaction. Il joue un rôle promoteur en accompagnant le mouvement des atomes d’azote dans l’acte élémentaire du mécanisme, aboutissant ainsi à un abaissement de la barrière d’énergie d’activation. Ce résultat totalement original reproduit de manière remarquable la tendance observée dans les mesures expérimentales.Ce travail expérimental et théorique a ainsi permis de progresser sur la compréhension du fonctionnement de ces catalyseurs au niveau fondamental. Il ouvre des perspectives prometteuses quant à l’utilisation future de l’ammoniac comme vecteur d’hydrogène.